L’ancien président béninois Boni Yayi est sorti de son silence pour dénoncer ce qu’il décrit comme une “politique d’exclusion systématique” visant son parti, Les Démocrates. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il accuse le pouvoir du président Patrice Talon de verrouiller la scène politique à l’approche de la présidentielle de 2026.
Le ton est grave, mais mesuré. Face caméra, Boni Yayi exprime son “inquiétude profonde” après le rejet par la Cour constitutionnelle de la candidature de Me Renaud Agbodjo, désigné pour porter les couleurs de Les Démocrates à la présidentielle de 2026. “Depuis 2016, l’opposition a été systématiquement exclue de toutes les élections, sauf en 2023”, déplore l’ancien chef de l’État (2006-2016), qui voit dans cette décision un signe de plus du rétrécissement de l’espace politique au Bénin.
Une rencontre décevante avec Talon
Pour lui, le pouvoir en place “cherche à débaucher des députés et des responsables du parti pour l’affaiblir”, une stratégie qu’il assimile à un “plan de déstabilisation politique”.
Cette sortie intervient quatre jours après une rencontre à huis clos avec le président Patrice Talon, que Boni Yayi présente désormais comme un dirigeant “renonçant progressivement à faire du Bénin un État de droit et de démocratie”. “Il ne veut plus d’opposition”, a-t-il affirmé dans sa déclaration, estimant que “le pluralisme politique, acquis de haute lutte, est aujourd’hui menacé”.
Ancien allié devenu critique du régime Talon, Boni Yayi tente depuis plusieurs années de rassembler les différentes composantes de l’opposition autour d’une plateforme commune. Son appel au dialogue s’inscrit dans cette logique. “Le pays traverse une crise politique, démocratique et électorale qu’il nous faut résoudre ensemble”, a-t-il plaidé, invitant les institutions à “rétablir la confiance” entre les acteurs politiques.
Le gouvernement minimise les accusations de Boni Yayi
La riposte du pouvoir n’a pas tardé. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a qualifié les propos de l’ancien président de “pathétiques”. “Monsieur Boni Yayi fait du Mister Yayi : il dramatise tout et refuse d’assumer ses propres responsabilités dans les divisions internes de son parti”, a-t-il déclaré sur une radio locale, rejetant toute accusation d’exclusion politique.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon en 2016, plusieurs observateurs internationaux soulignent un recul du pluralisme politique au Bénin, longtemps cité comme modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Les réformes électorales successives ont rendu plus difficile la participation des partis d’opposition aux scrutins, alimentant un climat de méfiance.
En s’exprimant publiquement, Boni Yayi cherche à raviver le débat sur l’avenir démocratique du pays, dans un contexte où la présidentielle de 2026 s’annonce déjà tendue. “Le dialogue reste la seule voie”, conclut-il, comme pour rappeler que la crise béninoise dépasse les querelles partisanes pour toucher à l’essence même du projet démocratique national.
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