Trois jeunes soldats ivoiriens ont disparu dans la nuit du 10 au 11 mars, dans des circonstances qui laissent place à de nombreuses interrogations. Informations révélées par Florence Richard dans Jeune Afrique. Ces soldats, appartenant au Groupement tactique interarmes (GTIA) basé à Bouna, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, auraient franchi la frontière burkinabè en tenue civile et après avoir démonté leurs armes.
Interpellés par des gendarmes ivoiriens en poste à la frontière, ils auraient affirmé être en mission de renseignement, avant de s’évanouir dans la nature. Depuis, aucune trace d’eux. Une simple désertion ou un ralliement stratégique ?
Des soldats ivoiriens vers les rangs burkinabè ?
D’après une source sécuritaire citée par Jeune Afrique, l’hypothèse d’un ralliement aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), les supplétifs de l’armée burkinabè, est privilégiée. « L’appât du gain » serait l’un des motifs avancés pour expliquer ce départ.
Si cela se confirmait, ce serait une première : des soldats ivoiriens quittant leur unité pour rejoindre des combattants armés de l’autre côté de la frontière.
Une frontière sous haute tension
Cette disparition intervient alors que les relations entre Abidjan et Ouagadougou sont déjà marquées par une tension croissante. La frontière entre les deux pays est devenue une zone sensible, particulièrement exposée aux incursions djihadistes et aux mouvements irréguliers de combattants.
En 2020 et 2021, la Côte d’Ivoire a été la cible d’attaques terroristes qui ont conduit à un renforcement militaire massif le long de la frontière. Malgré ces efforts, des groupes armés et des VDP burkinabè continuent de traverser régulièrement le territoire ivoirien, parfois pour y installer des campements ou se livrer à des vols de bétail.
L’épisode des gendarmes ivoiriens arrêtés en septembre 2023 après avoir franchi accidentellement la frontière, et détenus pendant plus d’un an par les autorités burkinabè, illustre bien la volatilité de la situation dans cette zone tampon entre les deux pays.
Un malaise au sein des forces ivoiriennes ?
Si ces soldats ont réellement fait défection, cela pose une question plus large : existe-t-il un malaise au sein des forces ivoiriennes stationnées dans cette zone ? L’armée ivoirienne, qui tente de prévenir toute infiltration djihadiste, est-elle aussi confrontée à des désertions motivées par des considérations financières ou idéologiques ?
Pour l’instant, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités ivoiriennes sur cette disparition. Les recherches se poursuivent, mais ce mystère illustre un nouveau défi sécuritaire pour Abidjan, dans une région où les lignes entre terrorisme, insécurité et alliances opportunistes semblent de plus en plus floues.
Cliquez-ici pour nous rejoindre sur notre chaîne WhatsApp