Face à la grogne des usagers, la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) recule. Dans un communiqué publié vendredi 06 juin, la société publique a annoncé la suspension du prélèvement unique des frais fixes sur les achats de crédits pour les compteurs Cash Power. Une décision qui intervient dans un contexte de tension croissante entre l’entreprise et les consommateurs.
C’est un rétropédalage assumé. Moins d’un mois après la mise en œuvre du nouveau système de tarification, la CEET a annoncé, avec effet rétroactif au 28 mai 2025, l’arrêt du prélèvement systématique de frais fixes sur les achats d’électricité effectués via les compteurs prépayés.
Cette mesure controversée, mal accueillie par une partie de la population, avait soulevé de vives critiques, notamment sur les réseaux sociaux, et suscité des réactions de plusieurs organisations de défense des droits des consommateurs.
Compteurs cash power de la discorde
Officiellement, cette décision est prise « conformément aux instructions du gouvernement ». Une formulation qui en dit long sur les arbitrages politiques opérés en coulisse. Dans un pays où le pouvoir d’achat reste fragile et les services publics parfois contestés, l’exécutif togolais semble avoir choisi de temporiser.
À la veille de la saison des pluies, synonyme de pics de consommation, et dans un climat régional tendu sur la question énergétique, la gestion du mécontentement social redevient une priorité.
Dans son communiqué, la CEET assure qu’un mécanisme de facturation plus avantageux est en cours d’étude, afin de mieux tenir compte des préoccupations exprimées par les abonnés, en particulier les plus modestes. La démarche vise restaurer la confiance des usagers tout en maintenant l’équilibre financier d’une société encore convalescente.
Tranche sociale et protection des plus vulnérables
La CEET insiste par ailleurs sur le fait que les nouveaux tarifs d’électricité, entrés en vigueur le 15 mai 2025, n’impactent pas les 230 000 foyers bénéficiaires de la réduction tarifaire accordée en décembre 2024.
Ces derniers, relevant de la tranche dite sociale, conservent les anciens tarifs du kilowattheure, ce qui constitue, selon la société, « un filet de protection pour les ménages à faibles revenus ».
Dans les faits, cette catégorie représente une part non négligeable des abonnés Cash Power. Or, ces derniers ont été les plus vocalement opposés au prélèvement fixe, perçu comme une taxe déguisée, y compris pour les faibles consommateurs.
Derrière cette décision conjoncturelle, la CEET tente de projeter une volonté de réforme plus structurelle. L’entreprise se dit engagée dans un processus de transformation visant à « assainir sa gestion et moderniser ses infrastructures ». Un chantier de longue haleine qui devra passer par un renforcement de la transparence, une amélioration de la relation client, mais aussi des investissements massifs pour réduire les délestages récurrents et accélérer l’électrification des zones rurales.
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