Au Togo, une révision constitutionnelle adoptée par les députés inaugure une 5e République. La réforme a provoqué une avalanche de critiques de la part de plusieurs togolais, notamment de la dispora qui réclament une restauration de la démocratie.
Au pouvoir depuis 2005, Faure Gnassingbé est souvent perçu comme bénéficiant du soutien de Paris et autres pays occidentaux. Mais d’après certains observateurs de la situation géopolitique ouest-africaine, la situation est désormais différente. La France ayant perdu son poids politique dans cette région.
Justement, après l’adoption d’une nouvelle constitution par les députés du pouvoir, la France a indiqué suivre la situation de près.
Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux et sur le terrain, on assiste à une mobilisation générale des parties civiles et des communautés opposées à la réforme constitutionnelle. Certains condamnent une monarchie politique, surtout que le pouvoir est gardé depuis près d’un demi-siècle par le même système.
Appel à la démocratie
La diaspora togolaise aux États-Unis a condamné le changement de la constitution et ne cesse de protester contre ce qu’elle appelle « la monarchie Gnassingbé ». Le mouvement politique « Faure must go » fondé par Farida Nabourema pendant ses études aux États-Unis tient le Flambeau. Opposée à la gouvernance de Faure Gnassingbé, le slogan du mouvement ne cesse d’être utilisé par des citoyens togolais actifs sur les réseaux sociaux.
Sur le réseau social X (ex-Twitter), les leaders d’opinion togolais mènent une campagne médiatique active pour discréditer la nouvelle réforme et l’image du président Gnassingbé lui-même. En utilisant l’hashtag #sansnousconsulter, on peut trouver un grand nombre de publications appelant à la résistance face au régime Gnassingbé.
Il y a quelques jours, « Africa Intelligence » a publié des informations sur le fait que le président Gnassingbé a fait appel aux services du JDA Frontline Partners fondé par Trevor Francis pour faire du lobbying à Washington. Bien entendu, ces informations ont suscité une résonance encore plus grande auprès du peuple togolais.
Rappelons qu’en 2017, des manifestations massives contre le régime Gnassingbé ont également eu lieu au Togo. Le media Africa News a fait état de nombreuses victimes et des doléances de la population. Le président a ensuite réussi à contenir les troubles publics et à se maintenir au pouvoir grâce au soutien de la France. Le régime togolais n’a pas été condamné ni par la communauté internationale ni par la CEDEAO. Plus que cela, le Président togolais joue fréquemment le rôle de médiateur dans les différends régionaux : médiation entre la CEDEAO et la République du Mali après le coup d’État d’Assimi Goïta.
Cependant, aujourd’hui, la situation a radicalement changé, compte tenu du fait que la France perd rapidement son poids politique dans la région ouest-africaine. L’opposition togolaise maintient la pression en annonçant des manifestations populaires dans le pays. Ces manifestations sont prévues les 11, 12 et 13 avril prochains.
Dr Sedik Aboubacar, Penseur libre