Devant le Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique réuni en session extraordinaire, le Professeur Mohamed Yakub Janabi a été désigné comme nouveau directeur régional de l’agence onusienne pour l’Afrique. Le cardiologue tanzanien, réputé pour son efficacité et son sens du management, s’apprête à prendre le fauteuil devenu vacant dans des circonstances tragiques.
Cette désignation intervient en prélude à la 77ᵉ Assemblée mondiale de la Santé. Elle fait suite au décès soudain, en novembre 2024, du Dr Faustine Ndugulile, qui avait été élu à ce même poste quelques mois auparavant, en août. Pour l’OMS, il fallait réagir vite, sans renoncer à l’exigence de compétence et d’équilibre régional. La session de Genève aura donc tranché entre quatre candidatures : celles du Dr N’da Konan Michel Yao (Côte d’Ivoire), du Dr Mohamed Lamine Dramé (Guinée), du Professeur Moustafa Mijiyawa (Togo), et du désormais élu Professeur Janabi.
Son nom doit encore être entériné par la 157ᵉ session du Conseil exécutif de l’OMS, prévue les 28 et 29 mai. Un simple passage de forme selon plusieurs sources proches du dossier, tant l’élection a été marquée par un large consensus autour de la candidature du Tanzanien. À 56 ans, le directeur de l’hôpital national Muhimbili, à Dar es Salaam, entamera un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.
Mohamed Yakub Janabi : Un héritage tanzanien
Avec cette nomination, la Tanzanie confirme sa place croissante dans les arcanes de la diplomatie sanitaire africaine. Proche du défunt Dr Ndugulile, le Professeur Janabi a su s’imposer par un profil atypique dans le sérail de la santé publique régionale : médecin clinicien et homme de terrain, il a piloté d’importantes réformes hospitalières dans son pays, notamment dans le développement des soins cardiovasculaires et des services spécialisés.
Dans son premier discours, le nouveau patron du bureau régional n’a pas manqué de rappeler les nombreux défis qui l’attendent : « Maladies infectieuses, pathologies non transmissibles, changement climatique, financement limité… nous devons rester unis et résilients pour transformer ces obstacles en opportunités de progrès », a-t-il lancé.
Du côté du siège de l’OMS, les réactions ont été immédiates. Le Directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a chaleureusement salué cette désignation, tout en remerciant les autres candidats pour la qualité de leurs dossiers. Il a aussi tenu à rendre hommage au Dr Chikwe Ihekweazu, qui assurait l’intérim depuis le départ de la Dre Matshidiso Moeti : « Son sens de l’équilibre et sa rigueur ont permis de maintenir le cap dans une période de grande incertitude », a-t-il déclaré.
Dr Ihekweazu, pour sa part, a promis un passage de témoin sans heurts : « Félicitations au Professeur Janabi. Cette désignation est le reflet de la confiance des États Membres. Vous pouvez compter sur mon soutien et sur celui de toute l’équipe du Bureau régional pour relever les défis à venir. »
Un mandat sous haute vigilance
Si la désignation du Pr Janabi suscite l’enthousiasme, elle soulève aussi de nombreuses attentes. De nombreux observateurs rappellent que le continent reste à la traîne sur plusieurs cibles des Objectifs de développement durable liés à la santé. La récente pandémie de Covid-19, puis l’épidémie de fièvre hémorragique en Afrique de l’Est, ont mis en lumière les failles persistantes des systèmes de surveillance épidémiologique et de résilience communautaire.
L’homme saura-t-il faire face ? Son parcours national plaide en sa faveur. Mais l’OMS Afrique est un appareil lourd, dont l’efficacité dépendra aussi de la capacité du nouveau directeur à dialoguer avec les États membres tout en maintenant une ligne technocratique ferme.
En attendant, c’est avec une formule simple mais prometteuse que Mohamed Yakub Janabi a conclu son allocution : « Je ne vous laisserai pas tomber. Ensemble, bâtissons une Afrique plus forte, plus unie et en meilleure santé. » Un cap, déjà, pour les cinq années à venir.
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