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CEEAC : Kigali claque la porte accusant Kinshasa de manipulations

Didier ASSOGBA
3 Min Read
Paul Kagame, président du Rwanda

En marge du 26e sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), tenu à Malabo, le Rwanda a officiellement annoncé son retrait de l’organisation régionale. Kigali dénonce une instrumentalisation politique par la RDC et un dysfonctionnement structurel de l’institution.

La scène diplomatique régionale a été secouée samedi 7 juin par une annonce aussi sèche que retentissante. Kigali, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a notifié son retrait immédiat de la CEEAC, organisation fondée en 1983 pour promouvoir l’intégration régionale au sein de l’Afrique centrale.

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La déclaration rwandaise met directement en cause la République démocratique du Congo, accusée d’« instrumentaliser l’organisation à des fins politiques », avec la complicité tacite ou active de plusieurs États membres.

Présidence contestée de la CEEAC

Au cœur de la brouille, la présidence tournante de la CEEAC. Selon Kigali, la désignation de la RDC pour présider l’organisation lors de la session du 6 juin constitue une violation manifeste de l’article 6 du traité constitutif. Ce texte prévoit une rotation équitable entre les membres. Le Rwanda estime avoir été illégalement privé de son tour, un affront institutionnel doublé d’un précédent en 2023, lorsque le pays avait été exclu du 22e sommet organisé à Kinshasa.

« Ce n’est pas un incident isolé, mais le reflet d’un dysfonctionnement systémique toléré par l’ensemble des membres », souligne le communiqué, dans un ton sans détour.

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Pour Kigali, l’attitude de la RDC n’est qu’une partie du problème. Le silence des autres États membres face à ce qu’elle considère comme des violations répétées entérine un « échec collectif » à défendre les règles communes. Une passivité qui a conduit le gouvernement rwandais à la conclusion que son appartenance à la CEEAC n’était plus tenable.

« Le Rwanda n’a d’autre choix que de se retirer définitivement », assène le ministère des Affaires étrangères, affirmant ne plus reconnaître l’autorité des structures actuelles de la CEEAC.

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Le sommet de Malabo, censé relancer la gouvernance maritime et accélérer les réformes institutionnelles de l’organisation, s’est donc ouvert sous le signe d’une fracture politique majeure. Au-delà du différend Kigali-Kinshasa, la sortie du Rwanda pose la question du respect des mécanismes internes et de la capacité réelle de la CEEAC à arbitrer les tensions interétatiques.

En filigrane, ce retrait traduit aussi l’enlisement des relations entre Kigali et Kinshasa, sur fond d’accusations croisées de soutien aux groupes armés et d’instabilité persistante dans l’est de la RDC.

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