Selon Reporters sans frontières (RSF), la liberté de la presse au Togo en 2025 suscite de vives inquiétudes. La situation est marquée par un recul notable dans les classements internationaux et des conditions de plus en plus difficiles pour les médias indépendants. L’organisation appelle à une mobilisation générale pour défendre « une presse en danger ».
Le monde entier a célébré le 03 mai la journée internationale de la liberté de la presse. Comme c’est le cas chaque année, RSF a publié le classement mondial de la liberté dans la fièvre de cette célébration.
Sur 180 pays classés cette année, le Togo occupe la 121e place. Le pays perd huit places comparativement au dernier classement.
Cette dégradation s’inscrit dans une tendance régionale alarmante, également observée au Cameroun, au Bénin et au Sénégal.
Sadibou Marong, Directeur Afrique de RSF, attribue cette situation à un manque chronique de subventions publiques transparentes et équitables, rendant les médias vulnérables aux pressions politiques et économiques.
Des garanties légales insuffisantes pour la liberté de la presse
La liberté de la presse est reconnue et garantie par l’État togolais. De même, le Code de la presse ne prévoit plus de peines privatives de liberté depuis 2004. Cependant ces garanties légales ne suffisent pas à protéger les journalistes.
Amnesty International rapporte que la liberté des médias est menacée, avec des suspensions de journaux et des peines de prison infligées à des journalistes pour « diffamation » ou publication de « fausses » nouvelles.
Ce constat d’Amnesty International est encore plus révélateur dans un contexte politique assez tendu. En 2024, le président Faure Gnassingbé a promulgué une nouvelle constitution éliminant les élections présidentielles au suffrage direct, permettant au parlement de choisir le président.
Cette réforme, perçue par l’opposition comme une manœuvre pour prolonger le règne de la famille Gnassingbé, au pouvoir depuis 57 ans, a été accompagnée de restrictions sévères des libertés civiles, notamment l’interdiction de manifestations et l’arrestation de figures de l’opposition.
Une presse privée en difficulté
À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le journaliste togolais Narcisse Prince Agbodjan a lancé un appel poignant en faveur d’un soutien fiscal aux entreprises de presse privée. Il dénonce une économie médiatique en crise, où la publicité est monopolisée par quelques privilégiés et accordée selon des critères affinitaires, mettant en péril la survie des médias indépendants.
Pour RSF, la situation actuelle appelle à une mobilisation accrue des acteurs nationaux et internationaux pour défendre la liberté de la presse au Togo.
« Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de soutien financier transparents pour les médias indépendants, de garantir l’application effective des lois protégeant les journalistes et de promouvoir un environnement politique respectueux des droits fondamentaux », a recommandé le RSF.
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