Plusieurs partis de l’opposition et des forces de la société civile togolaise ont dénoncé dimanche une « haute trahison de la Patrie » et ont appelé à la mobilisation contre la Ve République. Elles ont tenu un meeting au lendemain de l’investiture de Faure Gnassingbé comme président du Conseil et de l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové à la tête d’une présidence désormais symbolique. Pour ces entités, il s’agit d’une ‘dérive monarchique’.
La formule sans détour. Le 04 mai 2025, dans une déclaration conjointe signée par l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et Novation Internationale, la société civile togolaise et une frange de l’opposition politique affirment que le Togo a basculé dans une nouvelle ère d’autoritarisme, dissimulée sous l’habillage institutionnel de la Ve République.
« Le parachèvement du coup de force constitutionnel et institutionnel du 03 mai demeure une haute trahison de la Patrie », proclament les signataires dans une déclaration lue lors du meeting tenu à Akassimé (Lomé).
Faure Gnassingbé, Président du Conseil sans urnes
Au cœur de leur indignation, l’investiture matinale de Faure Gnassingbé, nommé par son parti président du Conseil des ministres, sans être passé par le suffrage universel. Une démarche jugée illégale et antidémocratique par ses opposants, qui dénoncent un pouvoir désormais concentré entre les mains d’un homme sans mandat électif.
Selon les opposants et les organisations de la société civile, cette promotion s’inscrit dans un processus de confiscation du pouvoir, amorcé depuis la révision constitutionnelle de mai 2024, adoptée sans référendum et rejetée par une large partie de l’opinion.
Quelques heures plus tard, Jean-Lucien Savi de Tové, 86 ans, ancien ministre du Commerce, a été élu président de la République par les parlementaires réunis en Congrès, sans rival en lice, et sans suffrage populaire.
Une fonction désormais dépourvue de tout pouvoir exécutif, selon la nouvelle architecture constitutionnelle. Pour l’opposition, « cette mise en scène parlementaire » vise uniquement à donner une légitimité formelle à un pouvoir exercé en réalité par le Président du Conseil, c’est-à-dire Faure Gnassingbé lui-même.
Ve République ou une « dérive monarchique » ?
« Le processus n’est ni légal, ni légitime. Il procède d’un hold-up institutionnel », accuse la déclaration. L’opposition y voit une nouvelle étape dans la dérive monarchique du régime RPT/UNIR, au pouvoir depuis plusieurs décennies, et une négation pure et simple de la souveraineté populaire.
Jean-Pierre Fabre (ANC), Paul Dodji Apevon (FDR) et les responsables de Novation Internationale appellent à une mobilisation large et résolue, s’adressant aux syndicats, femmes, jeunes, travailleurs et diaspora pour faire échec à ce qu’ils qualifient de « crime contre la Nation ».
S’inspirant de l’article 150 de l’ancienne Constitution de 1992 – désormais abrogée – qui autorisait la résistance en cas de coup de force, les signataires veulent croire que l’histoire togolaise peut encore s’écrire autrement.
« L’histoire a prouvé que seules les mobilisations populaires cohérentes, denses et soutenues construisent les grandes victoires démocratiques », affirment-ils.
« Le Togo ne peut continuer à être l’otage d’un système qui nie la justice, la liberté et la souveraineté populaire », clament-ils, appelant à rejeter l’« imposture » et à œuvrer ensemble pour un Togo libre, démocratique et prospère.
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