Faure Gnassingbé a prêté serment samedi en tant que Président du Conseil devant la Cour constitutionnelle. Moins de 2 heures plus tôt, il a été désigné par l’Assemblée nationale dominée par son parti politique, Union pour la République (UNIR). Si M. Gnassingbé change de titre, presque rien ne change dans ses attributions.
Le décor a changé, mais l’acteur principal reste le même. Samedi 3 mai 2025, Faure Gnassingbé a prêté serment en tant que Président du Conseil devant la Cour constitutionnelle, scellant ainsi son maintien à la tête de l’exécutif togolais dans le cadre du nouveau régime parlementaire instauré par la Constitution de la Ve République.
La cérémonie solennelle, organisée dans l’enceinte de la Cour, a réuni l’ensemble des présidents d’institutions, des membres du gouvernement, des officiers supérieurs, des maires et gouverneurs de la région maritime, ainsi que des représentants du corps diplomatique. Elle souligne la continuité de l’autorité de celui qui dirige le pays depuis 2005.
Désignation et serment du Président du Conseil
Moins de deux heures avant la prestation de serment, l’Assemblée nationale, largement dominée par l’Union pour la République (UNIR), le parti présidentiel (108 députés sur 113), l’a désigné comme Président du Conseil, conformément à l’article 47 de la nouvelle Constitution. Celle-ci stipule que le chef du parti ou de la coalition majoritaire à l’Assemblée nationale accède automatiquement à cette fonction.
Dans une ambiance sans suspense, la majorité parlementaire a transmis son choix par écrit au bureau de l’Assemblée présidé par Kodjo Adedze, comme le prévoit le texte fondamental, entérinant la reconduction de Faure Gnassingbé sous un nouveau label.
« Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté nationale… » : la voix posée, Faure Gnassingbé a décliné un serment solennel, promettant fidélité à la Constitution, engagement pour la paix, l’unité nationale et la défense des droits humains. Un rituel républicain qui, au-delà des mots, vient acter la continuité d’un pouvoir consolidé au fil de deux décennies.
À l’issue de la prestation de serment, le président de la Cour constitutionnelle, Djobo-Babakane Coulibaley, a renvoyé le désormais Président du Conseil à ses fonctions, comme le prévoit le protocole.
Changement de régime, continuité de pouvoir
Dans la nouvelle architecture institutionnelle, le Président du Conseil concentre l’essentiel du pouvoir exécutif : chef du gouvernement, chef suprême des armées, détenteur du pouvoir réglementaire, responsable de la politique intérieure et extérieure, nommant aux hautes fonctions civiles et militaires, présidant les conseils des ministres, et disposant même du droit de grâce.
Faure Gnassingbé n’aura pas à réinventer son leadership pour jouer ce rôle. Il conserve la quasi-totalité des attributions qu’il exerçait auparavant en tant que Président de la République. Seul le titre change ; les leviers restent entre les mêmes mains.
Cette prestation de serment intervient avant même l’élection formelle du Président de la République, désormais cantonné à un rôle purement honorifique, prévue dans la journée par le Congrès du Parlement. Elle marque ainsi le basculement définitif du Togo dans un régime parlementaire, une première dans l’Afrique francophone ouest-africaine.
Mais cette transformation institutionnelle ne convainc pas tous les Togolais. Dans les rangs de l’opposition, la contestation de la nouvelle Constitution ne faiblit pas. Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile appellent à un meeting de protestation le 4 mai, dénonçant une réforme taillée sur mesure pour pérenniser le pouvoir en place.
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