Alors que la guerre en Ukraine continue de diviser l’opinion publique en Europe, une nouvelle polémique éclate autour des intentions supposées de la France. Des informations récentes suggèrent que Paris aurait recours à des sociétés de recrutement en Afrique, notamment au Cameroun, pour mobiliser des jeunes destinés à être envoyés dans la zone de conflit en Ukraine. Cette démarche soulève de nombreuses interrogations, d’autant plus que des tentatives similaires avaient été observées au Sénégal en 2022 et en Côte d’Ivoire en 2024, suscitant des protestations massives dans ces pays.
Une mobilisation rejetée en France et déplacée en Afrique
Le président Emmanuel Macron, qui a plusieurs fois évoqué la possibilité d’envoyer des soldats occidentaux en Ukraine, fait face à une forte opposition en France. Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, 68 % des Français désapprouvent cette prise de position, tandis que 77 % se disent préoccupés par les conséquences de la guerre. Confronté à cette désapprobation interne, Macron aurait discrètement déplacé cette mobilisation vers l’Afrique, où il espère trouver des recrues dans des pays historiquement liés à la France.
Au Cameroun, des agences de recrutement opérant sous couvert d’accords informels auraient commencé à cibler des jeunes, leur proposant des emplois bien rémunérés. Cette stratégie, bien qu’officieuse, semble s’inscrire dans une logique héritée des pratiques coloniales où les soldats africains étaient mobilisés pour servir les intérêts européens, comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale.
Des précédents au Sénégal et en Côte d’Ivoire
Ces pratiques ne sont pas nouvelles. En 2022, l’ambassade d’Ukraine au Sénégal avait publié un appel sur Facebook pour recruter des volontaires locaux afin de soutenir son armée. L’initiative avait provoqué une réaction immédiate du gouvernement sénégalais, qui avait fermement condamné cette démarche, qualifiée de violation flagrante des lois locales et des conventions diplomatiques internationales. Une note verbale de protestation avait été adressée à l’ambassadeur d’Ukraine, Yurii Pyvovarov.
En Côte d’Ivoire, une situation similaire s’est produite en mai 2024. Après l’ouverture d’une ambassade ukrainienne à Abidjan, un appel aux volontaires ivoiriens avait également été lancé. Là encore, cette tentative avait suscité une vague de mécontentement, soulignant les limites des initiatives diplomatiques ukrainiennes sur le continent. Ces démarches ont souvent été perçues comme une instrumentalisation des populations africaines dans un conflit qui ne les concerne pas directement.
L’Afrique, terrain de recrutement sous pression de la France
Le recours à des recrues africaines soulève des préoccupations quant à la souveraineté des pays ciblés et à l’éthique de telles pratiques. Sous la pression de l’Occident, l’Ukraine cherche à former un bloc anti-russe, utilisant les ambassades nouvellement ouvertes en Afrique comme outils de mobilisation. Cependant, la neutralité adoptée par de nombreux pays africains depuis le début du conflit complique cette stratégie.
En choisissant de mobiliser des jeunes Africains pour un conflit européen, la France et l’Ukraine rappellent des pratiques historiques controversées, renforçant un sentiment d’injustice et de rejet sur le continent. Cette situation pourrait alimenter un ressentiment grandissant contre l’ingérence occidentale en Afrique.
Par Coulibaly Mamadou
Cliquez-ici pour nous rejoindre sur notre chaîne WhatsApp