Le Togo a souscrit en juin 2014 à la directive de l’UEMOA relative aux lois de finances et qui consacre d’importantes innovations pour une meilleure orientation budgétaire. Cette directive recommande une approche programmatique pluriannuelle par l’introduction des outils de la gestion axée sur les résultats (GAR), puis un débat d’orientation budgétaire (DOB) préalablement à l’élaboration du projet de loi de finances. C’est dans cette logique que s’est ouvert jeudi un atelier de formation sur le débat d’orientation budgétaire et le budget programme à l’intention des membres du parlement. L’initiative est appuyée par la Banque mondiale et vise à permettre aux députés de « s’inscrire dans le plan de réformes du Togo et se doter des outils et compétences nécessaires pour la préparation du projet de loi de finances en examinant les choix stratégiques et budgétaires du gouvernement ». « C’est un exercice utile, sinon nécessaire pour l’efficacité de l’action des députés’’, souligne Hawa Cissé Wagué, la Représentante Résidente de la Banque mondiale au Togo dans l’interview ci-après.
En quoi est-ce utile pour les députés togolais de s’engager dans un débat d’orientation budgétaire selon vous ?
Nous pensons que c’est une occasion unique pour le Togo de commencer les débats d’orientation budgétaire pour permettre aux députés de la sixième législature issue des élections du 20 décembre 2018, de s’inscrire dans le plan de réformes du Togo et se doter des outils et compétences nécessaires pour la préparation du projet de loi de finances en examinant les choix stratégiques et budgétaires du gouvernement. Donc cette formation qui est financée par le Projet d’Appui à la Gouvernance Economique (PAGE) — un projet qui est lui-même financé conjointement par la Banque mondiale et l’Union européenne — va aider les membres de la commission des finances et du développement économique du Parlement à pouvoir travailler directement avec le ministère de l’économie et des finances pour la préparation du budget de l’Etat.
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Puisque le Togo s’est engagé à mettre en œuvre le budget programme, — ce qui veut dire que l’orientation maintenant est d’avoir des budgets axés sur des résultats en lieu et place du budget juste des moyens — l’exercice doit permettre de faire de telle sorte que les orientations et choix stratégiques contenus dans le PND soient élaborés et inscrits dans le budget de l’État au lieu d’avoir une divergence entre le document d’orientation politique et le budget de l’Etat. Je pense que c’est un début pour le Togo de pouvoir mettre en œuvre le PND avec des moyens qui lui permettent de mesurer les résultats. La Banque mondiale est toujours disposée à continuer à accompagner le Togo dans ce sens.
Qu’est-ce qui justifie cet intérêt de la Banque mondiale pour la gouvernance économique au Togo ?
Ce n’est pas seulement de l’intérêt, C’est aussi notre devoir d’accompagner le gouvernement togolais à mettre en œuvre son programme national de développement pour le bien-être des populations togolaises. C’est donc notre devoir en tant que Banque mondiale eu égard à nos deux objectifs principaux. Le premier étant de lutter contre la pauvreté et de réduire l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et le second étant de s’assurer que la croissance est forte et inclusive. Et pour y arriver, il est important pour nous de soutenir la gouvernance économique et tout ce qui se fait dans ce sens-là.
Voilà pourquoi la Banque mondiale est engagée aux côtés des autorités togolaises pour appuyer la mise en œuvre de leur plan de réformes qui vise, entre autres, à bâtir les fondements d’un cadre macro-économique stable, renforcer la gouvernance économique et améliorer l’environnement des affaires. Ceci dans le but d’enclencher une croissance forte et inclusive, génératrice de bien-être social comme l’indiquent les grandes orientations du PND 2018-2022.
Quel bilan faites-vous des réformes engagées depuis la mise en route du Projet d’Appui à la Gouvernance Economique que la Banque mondiale appuie ?
Je voudrais dire ma satisfaction et mes encouragements au regard des avancées réalisées au cours des derniers mois avec l’appui du PAGE, pour renforcer d’une part les capacités en gestion des finances publiques des structures de contrôle de l’Etat dont l’Inspection Générale des Finances, la Cour des Comptes puis la Commission des Finances et du Développement Economique de l’Assemblée Nationale en suscitant justement le débat d’orientation budgétaire. Le PAGE a contribué justement à l’élaboration des outils indispensables à ce débat d’orientation budgétaire comme le manuel d’évaluation des projets d’investissements publics (PIP) prioritaires et leur inclusion dans le budget annuel, le Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle (DPBEP) sans oublier les progrès réalisés dans la réforme sur le budget-programme avec la revue qualité des programmes et la déclinaison des programmes sectoriels en Autorisation d’Engagement (AE) et Crédit de Paiement (CP).
Avec ces progrès réalisés au cours des derniers mois, nous espérons que la dynamique de la réforme budgétaire enclenchée sera maintenue et permettra au Togo de réussir la transition du budget de l’Etat, jusqu’alors, construit selon une logique de moyens, au budget programme construit à partir des politiques publiques, décomposées en programmes. Pour notre part je puis vous assurer d’ores et déjà que le Groupe de la Banque mondiale continuera tout comme par le passé à accompagner le Togo dans cette entreprise de longue haleine.
Propos recueillis par Erick Kaglan/Banque mondiale
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