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Extrémisme violent et transhumance : les chefs traditionnels des Savanes en 1ère ligne

Didier ASSOGBA
4 Min Read
Des chefs traditionnels à la rencontre

Face aux défis sécuritaires croissants que sont l’extrémisme violent et les tensions liées à la transhumance, le Togo mise sur les relais d’influence de proximité : les chefs traditionnels. Du 13 au 14 mai derniers, la Direction de la chefferie traditionnelle (DCT) a conduit deux journées d’ateliers à Dapaong et Mango à l’intention des autorités coutumières de la région des Savanes.

L’activité a bénéficié de l’accompagnement de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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Ouvrant les travaux, le gouverneur de la région des Savanes, Affoh Atcha-Dedji, a insisté sur le rôle crucial des leaders traditionnels dans la prévention des conflits. « La cohésion sociale ne se décrète pas. Elle se construit à travers un maillage d’acteurs légitimes et enracinés dans les réalités locales », a-t-il rappelé, dans une région où les enjeux sécuritaires sont particulièrement sensibles.

Entre extrémisme violent et transhumance apaisée

L’objectif de cette initiative du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie traditionnelle est de renforcer les capacités des chefs coutumiers pour qu’ils deviennent des remparts contre les dérives violentes. Ils doivent également promouvoir un vivre-ensemble respectueux des dynamiques pastorales.

« Les chefs traditionnels, de par leur influence, leur autorité morale et leur rôle dans la régulation sociale, sont les premiers à pouvoir désamorcer les tensions », a souligné le commissaire divisionnaire Vondoly Kodjo, directeur de la chefferie traditionnelle au Togo. Il voit dans cette démarche un prolongement de la politique nationale de revalorisation de l’autorité coutumière.

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Les participants – chefs de canton, chefs de village et préfets – ont suivi deux communications phares : l’une sur la prévention de l’extrémisme violent, développée par Guenkou Messanh Geoffroy, et l’autre sur la gestion pacifique de la transhumance, assurée par Dr Tona Kwassi.

Les échanges ont mis en lumière la nécessité de pratiques pastorales mieux encadrées, mais aussi de mécanismes d’alerte communautaire face aux signaux de radicalisation.

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Un contexte sous tension

Depuis plusieurs années, le nord du Togo, à l’instar de certaines zones du Burkina Faso ou du Bénin, est confronté à la pression des groupes armés terroristes opérant dans le Sahel. La région des Savanes, frontalière du Burkina, est ainsi devenue un front stratégique dans la lutte contre l’instabilité.

La transhumance, si elle est une pratique traditionnelle vitale pour les éleveurs, génère elle aussi des tensions entre communautés locales et bouviers venus de régions voisines, parfois perçus comme vecteurs d’insécurité ou de conflits fonciers.

La stratégie du gouvernement togolais s’inscrit dans une approche préventive, fondée sur l’ancrage communautaire et la mobilisation des ressources locales. À travers cette initiative, Lomé entend traduire dans les faits sa vision de sécurité humaine : intégrée, participative et inclusive.

D’autres ateliers sont prévus dans les semaines à venir dans d’autres régions du pays, afin d’étendre cette dynamique.

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