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CEDEAO-UA : Renforcement de la coopération en matière de paix et de sécurité

Didier ASSOGBA
4 Min Read

L’Afrique de l’Ouest et le continent dans son ensemble font face à des défis sécuritaires croissants, entre crises politiques, insécurité transfrontalière et menaces terroristes persistantes. Dans ce contexte, la coopération entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) devient plus que jamais un impératif stratégique.

En marge de la 38ᵉ Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, qui s’est tenue à Addis-Abeba, l’ambassadeur Dr Abdel-Fatau Musah, Commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO, a rencontré son homologue, Bankole Adeoye, récemment réélu à la tête du portefeuille des Affaires Politiques, Paix et Sécurité de l’Union africaine.

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Des missions conjointes et une coordination institutionnelle accrue

Cette entrevue marque une étape clé dans le renforcement du dialogue et de la coopération entre les deux institutions, au moment où l’Afrique fait face à des mutations géopolitiques et sécuritaires majeures.

L’un des axes forts de cette rencontre a porté sur la mise en place de missions techniques conjointes dans plusieurs États membres, afin d’assurer un suivi renforcé des dynamiques sécuritaires et politiques. Dans une région où les transitions militaires se multiplient (Mali, Burkina Faso, Niger), la CEDEAO et l’UA cherchent à adopter une approche concertée pour mieux anticiper et répondre aux crises de gouvernance qui fragilisent la stabilité régionale.

Les deux commissaires ont également souligné la nécessité de dynamiser la coopération entre les mécanismes de prévention et de gestion des conflits. Il s’agit notamment de renforcer la coordination entre le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et le Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO, deux organes clés dans la gestion des crises en Afrique. Cette collaboration vise à éviter les doublons institutionnels et à maximiser l’efficacité des interventions diplomatiques et militaires.

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Pour une gouvernance durable en Afrique de l’Ouest

Au-delà des questions sécuritaires, la gouvernance politique reste un défi majeur pour la région. Entre les contestations électorales, la montée des régimes militaires et la fragilité des processus démocratiques, l’UA et la CEDEAO cherchent à promouvoir une gouvernance plus inclusive et plus transparente.

La rencontre entre Dr Musah et Bankole Adeoye s’inscrit dans cette volonté de coordonner les efforts pour assurer des transitions pacifiques, renforcer l’État de droit et lutter contre l’instabilité politique. Ils ont ainsi convenu d’instituer des consultations régulières entre leurs équipes respectives, afin d’aligner les stratégies et d’adopter des approches concertées en matière de médiation et de consolidation de la paix.

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La coopération à l’épreuve des réalités du terrain

Si cette rencontre marque un engagement politique fort, elle soulève néanmoins des défis opérationnels majeurs. La CEDEAO et l’UA devront faire face à des divergences de visions entre certains États membres, à des réticences quant à l’ingérence régionale et à des contraintes budgétaires qui pèsent sur la mise en œuvre effective des décisions prises.

Dans un contexte où le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO remet en question l’unité et l’efficacité des mécanismes d’intégration régionale, cette coopération renforcée avec l’UA pourrait être un levier déterminant pour éviter la fragmentation du continent.

L’avenir dira si cet engagement renouvelé entre la CEDEAO et l’UA pourra réellement se traduire en actions concrètes et efficaces. Une chose est sûre : l’Afrique de l’Ouest et le continent ne peuvent plus se permettre d’aborder séparément les défis sécuritaires et politiques qui les traversent.

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