Alors que la guerre d’interprétation du communiqué des facilitateurs du dialogue inter-togolais reste farouche au sujet des élections depuis bientôt une semaine que le 4e round du dialogue inter-togolais s’est déroulé, Alpha Condé, le facilitateur guinéen a décidé de clarifier les choses. Pour le président guinéen, les facilitateurs de la CEDEAO n’ont pas appelé à des élections mais ont juste fixé une date indicative. De l’autre, il affirme que malgré quelques avancées, la solution est encore loin pour le fait que les positions du pouvoir et de l’opposition soient toujours tranchées.
« Nous n’avons pas appelé à des élections au Togo. Le problème qui se pose, c’est que l’opposition reproche au gouvernement de préparer des élections sans consensus. […] Nous avons demandé que le parlement actuel reste en place jusqu’à l’élection d’un nouveau parlement et que le gouvernement arrête la préparation des élections. Évidemment, il serait irresponsable de notre part de ne pas donner une date indicative. Nous avons seulement donné une date indicative. Nous n’avons pas appelé à des élections », a déclaré Alpha Condé lundi sur France 24, en marge du sommet de l’Union Africaine qui se tient à Nouakchott.
Cette clarification du président guinéen aura le mérite de calmer les ardeurs du pouvoir togolais et de son opposition qui continuent de se déchirer depuis mercredi dans une farouche guerre d’interprétations. Alors que le pouvoir soutient qu’une date a été donnée pour les élections et qu’il revient à chacun de travailler dans ce sens, l’opposition affirme qu’il n’a jamais été question d’organiser les élections à la date de fin novembre indiquée.
{loadmoduleid 210}
Se prononçant sur l’évolution de la crise, Alpha Condé se félicite de quelques acquis obtenus notamment au sujet de la libération des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations. Pour lui, le gouvernement a accepté que l’opposition puisse reprendre ses manifestations en accord avec les forces de sécurité pour que cela n’aboutisse pas à des morts ou à des destructions des biens publics.
« Au début, après ma rencontre avec les opposants, on a même libéré des imams alors qu’on les accusait de djihadisme. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de progrès mais nous sommes loin de la solution », a-t-il dit.
Deux acquis fondamentaux
Alpha Condé note que les positions sont encore très tranchées. Toutefois, il se félicite de deux acquis fondamentaux obtenus lors des discussions.
« Les positions du pouvoir et du gouvernement sont très éloignées. Mais nous ne désespérons pas. Nous pensons que progressivement nous arriverons à les amener au consensus. Déjà, il y a deux acquis fondamentaux : les élections à deux tours et la limitation des mandats à deux », affirme-t-il.
Au sujet de l’avenir au pouvoir du président togolais, Alpha Condé estime que les facilitateurs font confiance au Chef de l’Etat togolais tout comme à l’opposition togolaise.
« Je dis clairement que nous ne sommes pas un syndicat de chefs d’État qui se soutiennent entre eux, mais nous ne sommes pas non plus des pyromanes. Ce qui importe pour nous, c’est qu’on tienne compte de la volonté du peuple togolais et qu’il y ait un gouvernement qui l’accepte et qui représente ses intérêts et que le pays se développe », déclare le président guinéen.
Professeur Conde précise que les facilitateurs ne soutiennent ni le président Faure ni l’opposition mais cherchent à ce que les droits de l’homme soient respectés et que les règles universelles de la démocratie appliquées.
« J’ai déjà dit au niveau de l’Union européenne qu’au niveau de l’Union africaine, nous ne sommes pas un syndicat de chefs d’État. Nous devons respecter les droits de l’homme et nous devons appliquer la démocratie tel que nous le voyons nous-mêmes, pas comme on nous l’impose. Nous connaissons les règles universelles de la démocratie mais c’est notre responsabilité. Mais nous ne sommes pas complices, nous ne défendons pas les uns les autres », a-t-il insisté.