Mgr Philippe Fanoko Kpodzro ne lâche pas l’affaire des réformes constitutionnelles. L’archevêque émérite de Lomé a fustigé mercredi le projet de réformes en cours à l’Assemblée nationale. Il appelle les confessions religieuses, les organisations de la société civile et l’ensemble des parties de l’opposition à se lever contre cette entreprise du pouvoir visant à garantir 14 autres années de pouvoir à Faure Gnassingbé à la fin de son mandat actuel en février 2020.
En conférence de presse mercredi à Lomé, Mgr Kpodzro a exprimé sa surprise de voir le pouvoir togolais écarter complètement le texte proposé par l’expert constitutionnaliste sénégalais et qui est analogue dans son ensemble à la version originelle de la Constitution de 1992.
L’homme de Dieu qui se prononçait sur les débats en cours à l’Assemblée nationale en vue de la mise en œuvre des réformes constitutionnelles.
Pour Mgr Kpodzro, ce qui est en cours est ni plus ni moins qu’un autre tripatouillage de la Constitution de 1992 adopté par référendum lorsqu’il était le Président du Parlement de la transition togolaise.
Devant les médias le prélat a donné lecture des articles concernés par la modification en cours à savoir les articles 52, 59, 60, 65 et 75 de la Constitution de 1992.
« Si cette réforme en cours aboutit, la Constitution sera pire que celle en vigueur. Le nouveau texte proposé est plus grave que la constitution en vigueur. Le régime RPT/UNIR est vorace, sans pitié, et considère le Togo comme une propriété privée », a-t-il indiqué.
En effet, selon la mouture soumise aux débats, l’article stipule que la durée du mandat du député est de 6 ans renouvelable 2 fois. Dans la version actuelle, ce mandat est de 5 ans et est renouvelable.
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En ce qui concerne l’article 59, il dispose dans le projet actuel que le mandat du Président de la République est de renouvelable une seule fois. Une entreprise qui n’est pas du goût de l’archevêque. Dans la Constitution en vigueur, ce mandat est de 5 ans renouvelable et de tout temps, les discussions ont juste porté sur la limitation à 2 mandats.
« Cela veut dire qu’à la fin du mandat de Faure Gnassingbé en février 2020 où il aura déjà bouclé 15 ans au pouvoir, il peut encore se présenter 2 fois devant les électeurs. Cette fois-ci, pour un mandat de 7 ans. Il finira en principe en 2034… En français facile, Faure Gnassingbé veut faire 29 ans au pouvoir en plus des 38 ans de son défunt père », fustige Mgr Kpodzro.
Même si le projet consacre un mode de scrutin à 2 tours au niveau de l’article 60, l’archevêque émérite de Lomé dénonce également la prolongation au niveau de l’article 65 de la durée de la transition qui passe désormais de 60 jours à 100 jours.
De même, l’ancien Président du Haut Conseil pour la République (HCR, parlement de la transition) voit d’un mauvais œil les dispositions de l’article 75 qui assurent une immunité à vie aux anciens Présidents de la République.
En effet cet article introduit par le gouvernement dispose : « les anciens présidents de la République sont de plein droit membres à vie du Sénat. Ils ne peuvent être ni poursuivis, ni arrêtés, ni détenus, ni visés pour les actes posés pendant leur mandat… ». De plus, ils jouissent des privilèges et avantages définis par une loi organique.
Pour conclure, l’homme de Dieu appelle l’ensemble des confessions religieuses du Togo, de la société civile et des partis politiques de l’opposition à faire blocage à ce qui se mijote actuellement à l’Assemblée Nationale.