La DMP (Dynamique pour la Majorité du Peuple) ne décolère pas contre la nouvelle constitution instaurant une Ve République au Togo avec un régime parlementaire. Quelques heures après la prestation de serment par Faure Gnassingbé comme Président du Conseil et avant même l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové à un poste présidentiel vidé de ses prérogatives, le regroupement politique hausse le ton et appelle à la résistance.
Samedi 3 mai 2025, pendant que les caméras captent les images de l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové comme premier président de la Ve République togolaise, la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) monte au créneau. Dans une déclaration solennelle face à la presse, le regroupement d’opposition rejette catégoriquement les événements du jour, dénonçant un « coup de force » institutionnel piloté par le régime de Faure Gnassingbé.
Une rupture avec la souveraineté populaire
À leurs yeux, le congrès parlementaire tenu samedi – réunissant les députés de l’Assemblée nationale et les sénateurs – n’a aucune légitimité pour élire un Président de la République. Selon la DMP, ce rôle revient exclusivement au peuple souverain.
« Ce 3 mai 2025 consacre une nouvelle étape du coup d’État constitutionnel enclenché par le régime. Les membres du congrès et de la Cour constitutionnelle ayant participé à cette mascarade seront tenus pour responsables devant l’Histoire », a martelé la coalition.
Depuis l’annonce de la réforme constitutionnelle ayant instauré un régime parlementaire, les opposants redoutaient une manœuvre destinée à pérenniser le pouvoir du clan au sommet de l’État. La désignation de Faure Gnassingbé comme Président du Conseil – pivot exécutif de la nouvelle architecture institutionnelle – et l’élection d’un chef de l’État sans pouvoir, conforte selon eux cette thèse.
« Cette République, ils veulent la transformer en monarchie, envers et contre la volonté populaire », a déploré la Conférence des présidents de la DMP, en référence directe à la longévité politique de la famille Gnassingbé, au pouvoir depuis 1967.
La DMP en a profité pour saluer le courage de Essossimna Marguerite Gnakadé, ancienne ministre des armées du régime. Dans un message diffusé la veille de ces évènements, Mme Gnakadé déclarait dans une tribune : « Le Togo a besoin d’un nouveau départ sans Faure Gnassingbé pour enfin construire une République au service de nous tous. »
Des propos accueillis comme un acte de bravoure par la DMP, d’autant plus qu’elle appartient à la grande famille Gnassingbé.
Résistance et appel de la DMP à l’international
La coalition d’opposition cite l’article 150 de la Constitution de 1992, toujours revendiqué comme référence légitime par une partie de la classe politique, pour appeler les Togolais à la désobéissance civile :
« En cas de coup d’État, tout citoyen a le droit et le devoir de résister par tous les moyens. »
Dans cette logique, la DMP appelle à une mobilisation massive dès ce dimanche 4 mai lors d’un meeting organisé en coordination avec l’ANC, le FDR et des organisations de la société civile. Une grande marche de protestation est également annoncée pour le samedi 17 mai.
Enfin, l’appel est aussi tourné vers l’extérieur. L’opposition exhorte la communauté internationale, notamment l’Union africaine, la CEDEAO, et les partenaires occidentaux, à condamner fermement ce qu’elle considère comme une dérive autoritaire, comme cela avait été le cas en février 2005 lors des troubles post-électoraux.
Alors que Faure Gnassingbé consolide sa position dans un nouvel échiquier institutionnel qui concentre de fait tous les pouvoirs exécutifs entre ses mains, l’opposition tente de rallumer la flamme de la contestation.
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