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Togo : la DMP conteste un ‘gouvernement de fait’

Didier ASSOGBA
4 Min Read

Au lendemain de l’annonce de la composition du nouveau gouvernement par Faure Gnassingbé, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) monte au créneau. Dans un communiqué publié le 9 octobre 2025, la coalition d’opposition dénonce la mise en place d’un « gouvernement de fait », fruit, selon elle, d’un processus « illégal et imposé » au peuple togolais.

La DMP, fidèle à sa position de non-reconnaissance de la Ve République, estime que cette nouvelle architecture gouvernementale « n’a aucune légitimité démocratique » et « s’inscrit dans la continuité d’un pouvoir concentré ».

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Une centralisation « extrême » et peu d’ouverture

Le communiqué pointe particulièrement la concentration des portefeuilles stratégiques entre les mains du président du Conseil, Faure Gnassingbé, qui conserve à lui seul la Défense, la Fonction publique, le Travail et le Dialogue social, ainsi que les Transports.

Un cumul inédit qui, selon la DMP, « illustre une dérive autoritaire » et traduit la volonté du chef du gouvernement de maintenir un contrôle total sur les leviers de sécurité, de mobilité et de gestion administrative.

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Avec 30 membres, dont 17 ministres de plein exercice, 10 ministres délégués et 3 portefeuilles directement rattachés à Faure Gnassingbé, la coalition d’opposition estime que ce gouvernement est « hors de proportion avec les moyens du pays ». Elle y voit une tentative d’équilibrage politique et régional fondée sur le clientélisme, la dilution des responsabilités et une hausse du coût budgétaire.

La DMP note par ailleurs la reconduction des principales figures du régime, parmi lesquelles Gilbert Bawara, Robert Dussey, Cina Lawson, Antoine Gbégbéni, Komla Dodzi Kokoroko, Hodabalo Awaté, Mazamesso Assih, Calixte Madjoulba et Koamy Gomado.

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Selon le communiqué, Gilbert Bawara, désormais chargé des Relations avec le Parlement et les Institutions, demeure « le gardien du verrou politique ». « Sa nomination à ce poste n’est qu’un artifice destiné à soustraire Faure Gnassingbé à tout controle parlementaire, confirmant la dérive autoritaire du régime », accuse la DMP qui affirme par ailleurs que Robert Dussey conserve la « façade diplomatique d’un régime isolé ».

Résistance contre un ‘gouvernement de fait’

La nomination de nouveaux visages tels que Kossi Ténou, Yackoley Kokou Johnson ou encore Manuella Santos, sont perçus par la DMP comme un « maquillage politique » destiné à donner une illusion de rajeunissement et à «récompenser des loyautés». De même, la DMP ne perçoit pas la nomination de Séna Alipui (vice-président de l’Union des forces de changement, UFC) comme un geste d’ouverture.

« La DMP note des profils tels que Mama Omorou à l’Éducation nationale ou Jean-Marie Tessi à la Sante, mais rappelle que leur technicité ne saurait compenser l’absence de légitimité. Ces ministres n’auront qu’une marge de manœuvre limitée dans un système ou les décisions essentielles demeurent concentrées au niveau de Faure Gnassingbé », lit-on dans le communiqué.

Le mouvement conclut son communiqué en appelant les Togolais, à l’intérieur comme dans la diaspora, à ne pas se laisser « leurrer » par les promesses de changement du régime. La DMP réaffirme sa détermination à poursuivre, « par des moyens pacifiques, citoyens et constitutionnels », le combat pour la restauration de la Constitution de 1992, la mise en place d’une transition démocratique inclusive et le départ de Faure Gnassingbé.

« Le peuple togolais demeure le seul détenteur de la souveraineté nationale », conclut le communiqué signé par la Conférence des présidents de la DMP.

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