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Burkina : Traoré refuse un deal de Trump, Washington renvoie les demandeurs de visas à Lomé

Didier ASSOGBA
4 Min Read

Les ressortissants burkinabè devront désormais se rendre au Togo pour solliciter un visa américain. Une décision unilatérale de Washington, officiellement liée à des irrégularités dans l’usage des visas, mais que Ouagadougou perçoit comme le symptôme d’un différend diplomatique plus profond.

C’est une mesure qui a pris de court les autorités burkinabè. Depuis le début du mois d’octobre, les Burkinabè désireux d’obtenir un visa pour les États-Unis ne peuvent plus déposer leur demande à Ouagadougou. Washington a décidé de transférer le traitement des dossiers à son ambassade à Lomé, au Togo, invoquant des « manquements répétés » dans le respect des règles liées à l’usage des visas touristiques et étudiants.

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Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Traoré, a confirmé jeudi 9 octobre avoir reçu « avec surprise » une note verbale de l’ambassade américaine officialisant cette suspension. « C’est avec surprise que nous avons reçu cette note confirmant ce qui, jusque-là, relevait de simples rumeurs sur les réseaux sociaux », a-t-il déclaré à la presse.

Une aux airs de sanction diplomatique de Washington

Selon la note transmise à Ouagadougou, l’ambassade des États-Unis au Burkina Faso suspend temporairement la délivrance des visas et invite désormais les demandeurs à « reprendre les procédures d’inscription et de paiement auprès de l’ambassade américaine à Lomé ».

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Officiellement, la mesure viserait à mieux encadrer les flux migratoires et à limiter les abus de visas commis par certains voyageurs burkinabè. Mais, en coulisses, les autorités de Ouagadougou y voient le prolongement d’un différend plus ancien.

D’après le ministre Traoré, Washington aurait proposé au Burkina Faso d’accueillir sur son sol des ressortissants africains expulsés des États-Unis dans le cadre de sa politique migratoire. Une offre sèchement refusée par Ouagadougou : « C’était une proposition indécente et contraire à notre valeur de dignité. Le Burkina Faso ne saurait être transformé en terre de déportation », a affirmé le chef de la diplomatie.

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Ce refus, déjà évoqué lors de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, aurait refroidi les relations entre les deux capitales, malgré le ton policé affiché par les deux parties.

Une décision à portée symbolique

En choisissant Lomé comme point de relais consulaire, Washington s’adresse sans doute à un partenaire régional jugé plus stable et coopératif sur les questions migratoires et sécuritaires. Mais le geste a été perçu à Ouagadougou comme une mise à l’écart politique, sinon une sanction déguisée.

« En diplomatie, on parle de réciprocité », a prévenu Karamoko Traoré, tout en se voulant mesuré. « Nous prendrons les mesures qu’il faut, à la limite de celles décidées par les États-Unis, sans pour autant compromettre l’amitié et la fraternité entre nos deux peuples. »

Le Burkina Faso, engagé dans un bras de fer avec plusieurs partenaires occidentaux depuis la transition en cours, tente de maintenir un équilibre délicat entre souveraineté revendiquée et coopération internationale. « Le Burkina Faso demeure une terre ouverte et de dialogue », a rappelé le ministre, avant de souligner la nécessité d’un respect mutuel dans les relations bilatérales.

En attendant un éventuel retour à la normale, les Burkinabè candidats au visa américain devront s’accommoder de longs déplacements vers Lomé pour déposer leurs dossiers — une contrainte logistique supplémentaire, symbole d’un refroidissement discret mais réel entre Ouagadougou et Washington.

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