Face à la multiplication des menaces sécuritaires dans le Sahel, le Togo renforce ses dispositifs sécuritaires à la frontière avec le Burkina Faso. Un nouveau projet de gestion intégrée des frontières, lancé en milieu de semaine dernière, marque une nouvelle étape dans la stratégie de résilience togolaise.
Depuis plusieurs mois, le nord du Togo vit au rythme d’une vigilance renforcée. Entre incursions de groupes armés, trafics illicites et flux migratoires incontrôlés, la région des Savanes est devenue un point névralgique pour le gouvernement de Lomé.
C’est dans ce contexte tendu qu’a été lancé le projet « Renforcement de la gestion des frontières par une coordination et un partage d’informations efficaces au Bénin et au Togo », à l’initiative de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et avec le soutien de Washington.
Un projet, plusieurs ambitions
Dans une région où les frontières, souvent poreuses, sont exploitées par les groupes jihadistes pour infiltrer de nouveaux territoires, le besoin d’une réponse sécuritaire concertée n’est plus un luxe, mais une nécessité.
Derrière le volet opérationnel — remise de véhicules, de motos, de détecteurs de métaux, de radios VHF — l’objectif est clair : rendre les forces de sécurité locales capables de surveiller, contrôler et réagir avec efficacité aux menaces.
Les localités de Mango et Cinkassé, toutes deux aux avant-postes de la frontière burkinabè, sont les principales bénéficiaires de cette première phase.
« La région des Savanes, et en particulier Mango et Cinkassé, occupe une position stratégique dans notre dispositif de sécurité nationale », a rappelé ADIKPIYI Kpatcha, représentant du ministre de la Sécurité.
Au-delà des équipements, le projet encourage également une meilleure circulation de l’information entre les services togolais et béninois. Une réponse coordonnée, indispensable alors que la menace terroriste transcende désormais les frontières nationales.
Depuis 2022, le Togo a opté pour une approche proactive face à la crise sécuritaire sahélienne : renforcement militaire dans le nord, investissements dans les dispositifs sécuritaires, création de nouvelles unités de forces spéciales, et surtout, initiatives régionales discrètes mais déterminées.
Défis persistants à la frontière avec le Burkina Faso
Le projet lancé le 25 avril dernier s’inscrit dans cette stratégie, tout en traduisant un réalignement diplomatique : le Togo, longtemps discret sur la scène sécuritaire, coopère désormais étroitement avec les États-Unis et les organisations internationales pour consolider ses positions.
« Le lancement de ce projet et la remise de ces équipements illustrent notre engagement commun à renforcer la sécurité des zones frontalières », a affirmé Ndiaye Fatou Diallo, cheffe de mission de l’OIM.
Malgré ces avancées, la réalité sur le terrain reste complexe. La frontière avec le Burkina Faso, longue de plusieurs centaines de kilomètres, est difficile à surveiller en continu. Les communautés locales, souvent vulnérables, oscillent entre coopération avec les autorités et crainte des représailles jihadistes.
La clé du succès de ces dispositifs sécuritaires tiendra autant à la qualité des équipements qu’à la capacité des forces togolaises à gagner la confiance des populations locales, tout en respectant les droits humains.
À terme, c’est la stabilité de tout le nord du Togo qui se joue — et, au-delà, la capacité de l’État togolais à contenir l’expansion du chaos sahélien à ses portes.
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