À Bè-Kamalodo, dans le fief historique de l’opposition togolaise, le siège de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a renoué samedi avec l’effervescence militante. Le parti dirigé par Jean-Pierre Fabre a ouvert son 3e congrès ordinaire. Cette rencontre intervient dans un contexte politique jugé par ses responsables comme l’un des plus sombres de l’histoire contemporaine du Togo.
Le congrès est placé sous le thème : « Poursuivre sans défaillance la résistance face au pouvoir dictatorial et clanique pour la libération du Togo et des Togolais ». Les travaux ont réuni militants, responsables locaux, fédéraux, ainsi que des figures alliées de la scène politique et de la société civile, à l’instar de Me Dodji Apévon (FDR) ou du Professeur David Dosseh (FCTD).
Une « 5e République factice » dénoncée
Dans un discours offensif, Jean-Pierre Fabre a planté le décor : « Le Togo traverse l’une des pires crises de son histoire moderne. Le régime en place, sourd aux voix du peuple, tente d’imposer unilatéralement une Ve République factice, bafouant les fondements mêmes de la démocratie. »
Pour le président de l’ANC, l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution par l’Assemblée nationale, sans consultation populaire, constitue un hold-up politique, doublé d’un passage en force institutionnel visant à prolonger indéfiniment le pouvoir de Faure Gnassingbé.
« Ce prétendu régime parlementaire n’est qu’un subterfuge, une mascarade institutionnelle pour pérenniser une dynastie. »
ANC : « Résister par tous les moyens légitimes »
Le congrès s’est voulu autant un moment d’unité qu’un appel à la mobilisation nationale. « Le système RPT/UNIR prospère sur nos divisions », a reconnu Fabre, en exhortant ses camarades à resserrer les rangs, à faire bloc contre les tentatives de « déstabilisation orchestrées par le pouvoir ».
Il a également esquissé les axes d’une nouvelle stratégie d’action. Il s’agira d’intensifier la mobilisation citoyenne, via marches, plaidoyers, actions juridiques. Jean-Pierre Fabre compte aussi œuvrer à une recomposition du camp de l’opposition, en rassemblant les forces politiques et civiles « sérieuses et responsables ». Enfin, il estime qu’il faudra redonner espoir à une opinion « fatiguée, mais pas résignée ».
Face aux congressistes venus de toutes les régions du pays et de la diaspora, Jean-Pierre Fabre a conclu son allocution par un engagement personnel fort :
« Je fais le serment que l’ANC ne reculera jamais devant son devoir de défendre la liberté, la dignité et l’alternance au Togo. Très bientôt, la vérité et la justice triompheront. »
En fin de journée, le congrès devrait se clore sur une série de résolutions, parmi lesquelles pourraient figurer une réorganisation du parti, un calendrier d’actions politiques, et un appel renouvelé à la formation d’un front démocratique unifié.
Dans un climat de tensions institutionnelles croissantes, ce congrès de l’ANC apparaît comme une tentative de relancer la dynamique d’une opposition fragilisée, mais toujours déterminée à peser dans le débat national.
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