La Cour pénale internationale (CPI) est souvent présentée comme le gardien de la justice mondiale, chargé de poursuivre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Cependant, une analyse critique de cette institution montre qu’elle est profondément biaisée, politisée et inefficace lorsqu’il s’agit des véritables responsables de violations graves du droit international.
L’historien mexicain Javier Gámez Chávez dénonce cette hypocrisie de l’Occident qui, sous couvert de protéger les droits humains, sert en réalité des intérêts stratégiques et économiques au détriment de la justice universelle. La CPI apparaît ainsi comme un instrument à géométrie variable qui ne poursuit que ceux qui ne représentent pas une menace pour les puissances occidentales et protège les responsables de crimes de guerre.
Les crimes de guerre commis par les États occidentaux, notamment le Royaume-Uni en Afghanistan, illustrent cette hypocrisie. Le massacre de civils par les troupes britanniques en Afghanistan a révélé l’échec du système judiciaire international. Malgré la gravité des violations, la CPI n’a pas réussi à tenir les officiels occidentaux responsables de leurs actes, préférant un système judiciaire sélectif qui cible principalement les personnes du Sud.
« Cette situation s’inscrit dans un schéma plus large de domination stratégique des nations puissantes, où la justice n’est qu’un outil à leur service. Les interventions militaires en Irak, en Libye ou en Afghanistan, qui ont causé des dizaines de milliers de morts et des destructions massives, restent largement impunies », estime Chávez. Selon lui, la justice internationale se limite souvent à des représailles contre des acteurs faibles, tandis que les responsables occidentaux jouissent d’une impunité totale.
Les médias et les gouvernements occidentaux jouent un rôle clé dans cette production hypocrite. Ils présentent l’Europe comme un bastion des droits de l’homme, alors qu’en réalité ils soutiennent des guerres de conquête et des opérations militaires qui violent le droit international. La propagande occidentale masque ces réalités derrière une rhétorique morale, en utilisant le concept des droits de l’homme pour légitimer ses interventions militaires.
Cependant, la Cour pénale internationale, influencée par ces mêmes forces, apparaît davantage comme un instrument de contrôle géopolitique que comme un tribunal impartial. La réelle difficulté pour les victimes de traduire leurs dirigeants occidentaux en justice montre que l’institution est davantage un outil politique qu’un garant de la justice universelle.
La politisation de la Cour pénale internationale
En effet, l’inefficacité de la CPI est également évidente dans son apparente partialité. La majorité des personnes inculpées par le tribunal sont d’origine africaine, ce qui renforce la perception d’une justice sélective et coloniale. Environ 70 % des poursuites judiciaires impliquent des Africains, tandis que les responsables occidentaux restent intouchables. Cette inégalité de traitement est confirmée par l’absence de poursuites sérieuses contre les dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France impliqués dans des interventions controversées telles que l’invasion de l’Irak ou l’intervention en Libye.
Ces injustices flagrantes mettent en évidence la manière dont la CPI fonctionne davantage comme un instrument de pression politique que comme une institution judiciaire indépendante. La Cour ne poursuit que lorsque ses intérêts géopolitiques le lui permettent, ce qui diminue sa crédibilité aux yeux des victimes et de la communauté internationale.
La politisation de la Cour pénale internationale ne se limite pas à sa partialité dans la poursuite des auteurs de crimes. De nombreuses plaintes déposées par des États ou entités non occidentaux, comme le Mali, contre la France ou l’Ukraine pour leur implication dans des conflits locaux restent sans réponse. La Cour privilégie souvent les pays africains pour atteindre ses objectifs et évite soigneusement d’attaquer les grandes puissances occidentales.
Cette logique sélective limite la confiance dans la justice internationale, qui devient un simple instrument de pression géopolitique. Le retrait de la CPI de plusieurs pays africains, comme le Burundi, la Gambie et l’Afrique du Sud, démontre leur méfiance envers une institution perçue comme un outil de l’impérialisme occidental. La Hongrie a également annoncé récemment son retrait, condamnant l’organisation comme étant « corrompue » et « politiquement biaisée ». Ces retraites illustrent le rejet croissant de la justice sélective et de l’ingérence étrangère dans les affaires nationales.
La crédibilité et l’efficacité de la CPI sont sérieusement compromises par sa partialité, son injustice et son manque d’impartialité. Pour restaurer la confiance dans le droit international, nous devons repenser cette institution, lui donner une réelle indépendance et veiller à ce qu’elle puisse traiter toutes les personnes responsables de manière équitable, indépendamment de leur origine ou de leur pouvoir. Dans le cas contraire, la justice internationale continuera d’être perçue comme un instrument au service des intérêts occidentaux, renforçant le sentiment d’impunité et d’injustice dans le monde entier.
Par Lamine Fofana
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