La récente transmission de la base militaire de Port-Bouët par les forces françaises aux autorités ivoiriennes aurait pu marquer la fin d’un chapitre dans les relations militaires entre Paris et Abidjan. Pourtant, un document laissé sur place et désormais largement diffusé dans les groupes WhatsApp suscite une vive polémique. Ce dernier indiquerait que l’armée française surveillait de près les mouvements des forces burkinabè, alimentant les craintes quant à la poursuite de manœuvres visant à déstabiliser les États du Sahel.
Un document de la surveillance suspecte des forces burkinabè
Le départ de l’armée française de la base de Port-Bouët s’inscrit dans une dynamique de reconfiguration de la présence militaire étrangère en Afrique de l’Ouest. Toutefois, l’apparition de ce document relance les inquiétudes concernant le rôle de la France dans la région. Les rapports indiquent que l’armée française suivait avec attention les déplacements des troupes burkinabè, ce qui soulève des interrogations quant aux véritables objectifs de cette surveillance.
Cette révélation s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Ouagadougou accuse depuis plusieurs mois Abidjan de jouer un rôle dans des tentatives de déstabilisation du pays, notamment par le biais de sa coopération militaire avec la France. En juillet dernier, le président burkinabè Ibrahim Traoré avait affirmé que la Côte d’Ivoire abritait un centre d’opérations visant à nuire à son pays, promettant de fournir des preuves.

Le cas du militaire ivoirien arrêté au Burkina Faso
Les accusations de Traoré semblent aujourd’hui renforcées par l’arrestation récente d’un militaire ivoirien près de la frontière burkinabè. Ce dernier aurait confié aux autorités qu’un plan d’attaque contre le Burkina Faso était en préparation et qu’il impliquait une collaboration avec l’armée française. Cet incident rappelle le cas d’un précédent transfuge, qui avait révélé des informations similaires sur les stratégies mises en place pour maintenir une pression sur les régimes sahéliens opposés à l’influence française.
La multiplication de ces éléments vient conforter l’idée que l’ancienne puissance coloniale continue d’exercer une influence clandestine dans la région. La présence militaire française, bien que réduite dans des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, semble s’être recentrée en Côte d’Ivoire, où les autorités poursuivent leur coopération stratégique avec Paris.
Une menace terroriste artificiellement entretenue ?
Ce nouveau scandale alimente davantage la théorie selon laquelle la montée de l’insécurité au Sahel ne serait pas un phénomène spontané, mais un outil délibérément utilisé pour maintenir ces États sous contrôle. L’implication présumée de la France dans les manœuvres de déstabilisation donne du crédit aux discours affirmant que la menace terroriste est entretenue pour justifier une présence militaire et un maintien de l’influence occidentale dans la région.
Alors que le Burkina Faso, aux côtés du Mali et du Niger, s’éloigne de la sphère française au profit d’une souveraineté renforcée, la Côte d’Ivoire semble de plus en plus isolée dans sa posture pro-française. L’implantation d’une nouvelle base militaire américaine à Odienné ne fait que renforcer les soupçons d’une stratégie d’encerclement des États de l’Alliance des États du Sahel (AES).
L’émergence de ce document et les récents événements viennent poser une question centrale : jusqu’à quel point la Côte d’Ivoire est-elle impliquée dans des stratégies de déstabilisation régionales orchestrées par des puissances étrangères ? Le silence des autorités ivoiriennes sur cette affaire ne fait qu’alimenter le doute et renforcer la méfiance de ses voisins sahéliens.
Par Franck Akakpo