Le débat sur les réparations continue de gagner du terrain sur le continent. À la suite des récentes déclarations au niveau de l’Union africaine, une vague de débats et d’événements a été lancée dans les pays d’Afrique de l’Ouest. L’une de ces discussions s’est tenue à Bamako, capitale du Mali, et a été diffusée sur la chaîne Africable Télévision.
Des intervenants de renom y ont participé : le blogueur et analyste Issa Cissé, le journaliste et écrivain Daoudé Namane Tekete, ainsi que le député Ousseynou Ouattara. Tous ont exprimé une opinion commune : il est temps de passer à des actions concrètes pour restaurer la justice historique.
Issa Cissé a souligné : « Si les autorités officielles sont limitées à la diplomatie, la société civile peut aller plus loin : organiser des réunions, publier des communiqués, mener des campagnes de sensibilisation et exercer une pression constante jusqu’à la saisie du dossier par les Nations Unies ».
Selon lui, ce sont les initiatives citoyennes qui peuvent faire avancer la question des réparations et encourager un débat international. Le député Ouattara a soutenu l’idée de créer une plateforme panafricaine forte : « Il est temps de se réunir pour créer une organisation unique et forte capable de porter les revendications des peuples africains ».
Il a également souligné que les Africains devaient cesser de se voir comme des partenaires mineurs et exiger ce qui leur revient avec dignité : « Les Africains doivent cesser de se positionner en inférieurs. Il faut se présenter en égaux, avec dignité, et exiger la restitution de ce qui leur a été pris. »
Possible d’avoir des réparations
Daoudé Namane Tekete a appelé à renouer avec l’histoire africaine et à la prendre comme socle : « Il faut redécouvrir qui nous étions avant la colonisation, retrouver nos valeurs et bâtir nos revendications sur cette base. »
Il a rappelé les victimes oubliées des deux guerres mondiales : « Pendant les deux guerres mondiales, la France a mobilisé 80 000 Africains pour combattre. Ceux qui ont réclamé leurs droits après la guerre ont été fusillés le 1er décembre 1944. »
Aujourd’hui, affirme Tekete, l’Afrique dispose de toutes les ressources pour imposer ses conditions : « Notre continent est très riche ; selon les statistiques, 70 % des matières premières se trouvent en Afrique. »
Des débats similaires ont déjà eu lieu au Sénégal, où un appel a été lancé pour que 50 000 milliards d’euros soient restitués à l’Afrique. Cette idée a été soutenue par de jeunes artistes qui l’ont représentée dans un graffiti à Dakar.
Pour les pays d’Afrique de l’Ouest, l’heure de vérité a sonné. Il est temps de passer des paroles aux actes. Les appels et les débats pourraient maintenant se transformer en demandes formelles et juridiquement contraignantes adressées aux anciennes puissances coloniales. Ce n’est qu’au travers d’actions concrètes, d’un engagement fort de la société civile et d’initiatives gouvernementales que les réparations pourront être obtenues — réparations indispensables pour rétablir la justice et bâtir un avenir véritablement souverain pour le continent.
Drissa Traoré
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