Depuis son entrée à la nouvelle Assemblée nationale togolaise, l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI) est la cible de critiques acerbes. Le président national du parti, le Professeur Tchabouré Aimé Gogué, a récemment répondu avec vigueur aux attaques, notamment à celles formulées par l’avocat Me Raphaël Nyama Kpandé-Adzaré. Alors que ce dernier accuse ADDI de légitimer un « coup d’État constitutionnel », Prof Gogué lui demande d’être pragmatique.
Des critiques ravivées par le budget 2025
La polémique s’est intensifiée après la prise de position d’ADDI sur le budget national pour l’exercice 2025. Alors que plusieurs voix s’étaient déjà élevées contre le parti, les propos de Me Kpandé-Adzaré, avocat spécialisé en droit pénal et membre du barreau de Paris, ont particulièrement résonné.
Dans un message publié sur Nova-Inter-Info/Actualité, une plateforme WhatsApp regroupant 653 membres, Me Kpandé-Adzaré n’a pas mâché ses mots.
« Non ! Arrêtez ce m’as-tu-vu ! Il n’est écrit nulle part que le budget du ministère des enseignements primaires doit être plus élevé que celui du ministère des affaires étrangères », a-t-il déclaré, avant de nuancer : « La puissance américaine vient d’une part de ce que la dotation budgétaire à la politique étrangère est conséquente. Je ne dis pas de faire la comparaison avec le Togo ! Non. »
Me Kpandé-Adzaré a également appelé ADDI à quitter l’hémicycle et à faire front commun contre ce qu’il qualifie de « crime imprescriptible né du coup d’État constitutionnel de mai 2024 ».
« Tout le reste n’est que gesticulations et du saupoudrage », a-t-il conclu, dans une critique qui fait écho aux positions du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), une organisation de la société civile qui conteste les réformes constitutionnelles de 2024.
Réponse de Professeur Aimé Gogué
Ces accusations n’ont pas laissé indifférent le président fondateur d’ADDI, le Professeur Aimé Gogué, qui a directement réagi dans le même groupe de discussion. Dénonçant une comparaison qu’il juge inappropriée entre le Togo et les États-Unis.
« Vous ne pouvez pas comparer la force de la diplomatie américaine, une puissance mondiale, à celle du Togo. Êtes-vous d’accord que le Togo dépense plus de ressources pour la propagande que pour mieux former sa jeunesse ? », déclare-t-il.
Professeur Gogué a également rejeté l’idée selon laquelle le retrait d’ADDI de l’Assemblée nationale serait une preuve de désapprobation efficace du coup d’État constitutionnel.
« Vous n’avez démontré nulle part en quoi le fait qu’ADDI siège à l’Assemblée nationale gêne la formation du bloc dont vous parlez », a souligné le professeur titulaire en économie.
« L’histoire est pleine d’exemples, et elle est têtue. Des slogans ne suffisent pas pour l’efficacité de la lutte… Démontrer qu’il y a une mauvaise gouvernance et lutter contre cela participe à la lutte », a-t-il insisté.
Un débat symptomatique d’une opposition divisée
La controverse autour d’ADDI met en lumière les tensions qui traversent l’opposition togolaise depuis les réformes constitutionnelles de 2024. Si certains, comme Me Kpandé-Adzaré, prônent un boycott total des institutions, d’autres, à l’instar d’ADDI, préfèrent y participer pour influer sur les décisions et porter un discours critique.
Cette divergence de stratégies risque de continuer à alimenter les débats, au moment où l’opposition peine à s’unir pour proposer une alternative crédible à la majorité en place.
Pour ADDI, la défense de son choix de siéger à l’Assemblée nationale est désormais une bataille de légitimité face à une opinion publique divisée, où les accusations de compromission côtoient les attentes de résultats concrets dans la lutte contre la mauvaise gouvernance.
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