Le président français, Emmanuel Macron, a déploré lundi dernier un supposé manque de reconnaissance des dirigeants africains envers la France pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Des propos qui soulèvent des vagues au Tchad et ailleurs sur le continent. À N’Djamena notamment, les autorités tchadiennes ont vivement réagi, dénonçant une « attitude méprisante » de la part du chef de l’État français.
« Une attitude méprisante » d’Emmanuel Macron
Dans un communiqué officiel lu à la télévision nationale lundi soir, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a exprimé la préoccupation de son gouvernement face aux propos tenus par Emmanuel Macron. « Le Gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains », a-t-il déclaré.
Le chef de la diplomatie tchadienne a également rappelé le rôle crucial joué par les soldats africains, et notamment tchadiens, lors des deux guerres mondiales. « La France n’a jamais véritablement reconnu les sacrifices consentis par les soldats africains pour sa libération », a-t-il affirmé, tout en soulignant que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ».
Abderaman Koulamallah a poursuivi en critiquant l’approche française en Afrique depuis l’indépendance. « En 60 ans de présence, la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien », a-t-il ajouté, un tacle qui met en lumière les frustrations persistantes à l’égard de la politique française en Afrique.
Le départ des forces françaises du Tchad
Considéré jusqu’à récemment comme l’un des derniers alliés de Paris en Afrique francophone, le Tchad a exigé le départ des forces françaises stationnées sur son sol d’ici le 31 janvier 2025. Cette décision, prise dans un contexte de réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, marque un tournant dans les relations entre les deux pays.
Un premier contingent de soldats français a quitté N’Djamena fin décembre 2024, dans la continuité d’une demande officielle formulée par le gouvernement tchadien fin novembre. Le Tchad rejoint ainsi la liste croissante des pays africains qui réévaluent leur coopération militaire avec Paris, à l’image du Sénégal.
Un tournant pour la relation Afrique-France
Les propos d’Emmanuel Macron, qui a regretté que « les dirigeants africains [aient] oublié de nous dire merci », ont accentué les tensions dans un contexte déjà marqué par une montée des revendications souverainistes sur le continent.
Au Tchad comme ailleurs, les critiques envers la France se multiplient, mettant en lumière une volonté croissante des États africains de redéfinir leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale. Pour N’Djamena, ce départ des forces françaises symbolise une étape dans la quête de souveraineté et un rejet d’un discours perçu comme condescendant.
Cliquez-ici pour nous rejoindre sur notre chaîne WhatsApp