Le Professeur Kako Nubukpo a animé mercredi à l’université de Lomé, une grande conférence-débat. La thématique de cette conférence ne pouvait être que celle du Francs CFA. Occasion pour l’ancien ministre togolais d’aborder les conditions de sa non-reconduction dans le gouvernement actuel.
« Le franc CFA, une servitude volontaire », c’est le thème sur lequel est placée la rencontre. L’économiste togolais est clair au sujet du CFA et comme toujours. Le professeur estime que les accords qui lient le ministère français des finances aux Banques centrales (de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale). Des institutions qui ont une indépendance vis-à-vis des Etats au lieu de faire partie des privilèges regaliens des Etats.
« A partir du moment où nous abandonnons ce privilège au profit d’une entité extérieure, il n’y a pas raison que ces deux banques acceptent de s’inféoder à un gouvernement d’une nation étrangère. Si nous voulons des parités fixes entre le CFA et l’euro, il faut que ce soient des accords entre la Banque centrale européenne et la BCEAO et la BEAC », a indiqué le Professeur Nubukpo.
Faisant la déduction de l’incongruité du rôle de la France dans la gestion du CFA, l’économiste estime que les accords qui lient la France aux pays africains ne sont pas des accords de nature monétaire mais de nature budgétaire.
« C’est pourquoi 57 ans après les indépendances, nos chefs d’Etat continuent d’accepter le fait que leurs banques centrales qui sont indépendantes acceptent de s’inféoder à un ministère des finances d’un pays étranger », a-t-il dit.
Kako Nubukpo ne comprend pas non plus pourquoi il n’y a que deux usines au monde qui fabriquent le CFA et que ces deux usines ne se trouvent qu’en France.
« J’aimerais qu’on nous explique pourquoi les 15 Etats de la zone franc n’ont pas été capables de trouver un moyen, après 73 ans, pour fabriquer un billet de banque. Si pour une raison ou une autre Paris décide de ne pas nous approvisionner, nous aurons des problèmes parce que nous ne savons pas fabriquer l’argent que nous utilisons au quotidien », a fait observer le Professeur Nubukpo qui prescrit des réformes profondes devant permettre de couper le cordon ombilical avec la France pour définitivement mettre fin à la servitude volontaire.
{loadmodule mod_phocagae,Phoca ADS}Revenant sur les conditions de son départ du gouvernement togolais en 2015, l’ancien ministre de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques révèle que c’est Alassane Ouattara qui était à la base.
« J’ai quitté le gouvernement parce qu’il y a un président étranger, Ouattara (Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire) qui a demandé à notre président Faure (Faure Gnassingbé) de me virer du gouvernement pace que je critique le F CFA », a précisé l’économiste.