Le séjour américain de Faure Gnassingbé se poursuit. Au cours d’une rencontre de haut niveau de la Banque mondiale sur le renforcement de la sécurité alimentaire, le président togolais a délivré un message dans lequel il a évoqué les effets délétères du dérèglement climatique, l’étiolement continu de la part des cultures vivrières dans le mix alimentaire africain. Faure Gnassingbé a déploré la hausse continue des prix des engrais et invité les institutions de Breton Wood à comprendre la situation des pays pauvres. Le président togolais propose 5 pistes susceptibles d’aider à faire face à la crise.
D’entrée, Faure Gnassingbé a fait remarquer que depuis des décennies, l’insécurité alimentaire fait partie des préoccupations permanentes et principales des dirigeants d’un grand nombre de pays à travers le monde, et en Afrique en particulier.
En Afrique centrale et de l’ouest, le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire est passé de 10,7 millions à plus de 41 millions ces dernières années. La faute au dérèglement climatique, l’étiolement continu de la part des cultures vivrières. A cela s’ajoute l’instabilité générée par la volatilité des cours des matières premières agricoles constituent à eux seuls une réelle source de fragilité dans la sécurisation de l’alimentation de nombreuses personnes. Des déséquilibres accentués par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine.
« A la lumière de ces évènements, il apparait que la problématique de la sécurité alimentaire ne peut être appréhendée du seul point de vue du volume de la production des denrées alimentaires, mais qu’il convient également de prendre en considération la question de l’accès auxdites ressources alimentaires », a déclaré le président togolais qui propose cinq pistes pour contenir l’insécurité alimentaire.
Les pistes de Faure Gnassingbé
D’abord face à l’urgence, Faure Gnassingbé estime que les opérations humanitaires constituent sans doute le rempart le plus efficient « en ce qu’elles permettent un accès instantané des plus vulnérables aux denrées de base ». Il reconnait toutefois que les dispositifs d’intervention d’urgence ont vocation à résorber des crises ponctuelles
En 2e lieu, il propose en plus des dispositifs d’urgence de multiplier les efforts consentis par les pays les plus vulnérables pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire et développer leurs cultures vivrières.
« Pour ce faire il faut subventionner les intrants jusqu’à ce que l’économie agricole trouve son équilibre. Évidemment une telle politique a un coût important et met un certain temps à porter des fruits », relève le président togolais.
En 3e position, Faure Gnassingbé fait remarquer que les subventions et dépenses de protection sociale dans les pays à faible revenu constituent un bouclier essentiel au bénéfice de populations les plus vulnérables.
« Là encore, cela pèse lourdement sur les finances publiques. C’est pourquoi je crois indispensable que ce coût soit reconnu par les institutions de Bretton Woods, voire que sa charge soit partagée, particulièrement en ces périodes de grandes incertitudes économiques », a-t-il émis.
Au 4e point, le chef de l’Etat togolais a noté que les effets des dérèglements ne sont pas sans conséquences sur le reste du monde particulièrement en matière de sécurité. Pour Faure Gnassingbé, la faim, notamment en Afrique de l’ouest, pousse nombre de jeunes hommes vers le terrorisme ou la migration illégale.
« Trop souvent, les faibles rendements agricoles et la pression démographique obligent les agriculteurs à étendre leurs cultures sur les couloirs pastoraux, au risque de déclencher des violences communautaires », appuie le chef de l’Etat.
De même, M. Gnassingbé indique que le combat contre le terrorisme est un combat commun martelant que son peuple, comme d’autres, paye le prix du sang.
« Mais il n’est pas possible qu’on nous empêche de financer les dépenses militaires indispensables au nom de ratios d’endettement au demeurant assez arbitraires », soutient-il.
Enfin en 5e position, le président togolais a insisté sur une « volonté politique forte » de structurer les chaînes d’approvisionnement nationales en coopération avec le secteur privé.
« Voici donc les quelques points que je voulais aborder devant vous. L’urgence, bien sûr, mais aussi la préparation du moyen et long terme. L’action sur les structures agricoles, bien sûr, mais aussi le soutien des populations vulnérables. La rigueur nécessaire des IFIs, bien sûr, mais avec une compréhension renouvelée de la situation alimentaire et sécuritaire », a résumé Faure Gnassingbé.