Après bientôt quatorze (14) années passées à la prison civile de Lomé, l’ancien ministre de la défense, Kpatcha Gnassingbé a quitté le Togo. De sources concordantes, l’ancien député de la Kozah a atterri à Libreville (Gabon). Entre une évacuation sanitaire et une libération conditionnelle, bien malin était celui qui pouvait se prononcer clairement sur le sujet. Ni la justice togolaise ni le gouvernement togolais ne s’étant prononcés sur le sujet. Mais l’on en sait davantage désormais.
C’est un fait ! Kpatcha Gnassingbé n’est plus sur le territoire togolais depuis une semaine au moins. Alors qu’il continuait son séjour au Pavillon militaire où il était hospitalisé depuis juin 2021, l’ancien ministre a été prié de faire rapidement ses affaires en début de soirée du 23 mars 2023.
Du pavillon militaire de Lomé, son convoi s’était ébranlé en direction de l’Aéroport de Lomé où un vol l’attendait en destination du Gabon.
Depuis, plusieurs informations circulent. Certaines font croire en libération de Kpatcha Gnassingbé avec résidence à l’extérieur du Togo, certaines parlent d’exil forcé alors que d’autres évoquent une évacuation sanitaire.
Pas de libération de Kpatcha Gnassingbé
La première chose qu’il faut relever est qu’aucune source, tant au niveau judiciaire que gouvernementale, n’évoque une libération de l’ancien ministre. Kpatcha Gnassingbé continue de purger (officiellement) sa peine de 20 ans d’emprisonnement.
Pour qu’il obtienne sa libération, des procédures auraient dues être engagées au niveau de la justice togolaise. Mais à ce jour, cela n’est pas le cas. Me Zeus Ajavon, l’un des avocats de Kpatcha Gnassingbé a apporté un démenti formel aux informations faisant état d’une libération de ce dernier et de son assignation en résidence surveillée à Libreville.
« Kpatcha Gnassingbé a été transféré au Gabon. Il aurait pu être libéré par grâce présidentielle et ça doit être initié par le ministre de la Justice, ou alors, il doit être libéré par liberté conditionnelle et ça aussi, c’est au niveau du ministère de la Justice que cela doit se faire. Je n’ai pas d’information sur ces 2 procédures », a déclaré Me Zeus Ajavon.
Evacuation sanitaire
Si Kpatcha Gnassingbé n’est pas en liberté ni provisoire ni définitive, il n’est pas non plus en exil à Libreville. Jusqu’à preuve de contraire, l’ancien ministre ne s’est pas évadé de prison et n’a pas décidé de se rendre tout seul à Libreville.
Sa sortie du territoire relève de la volonté des autorités judiciaires et des autorités politiques du Togo qui ont ainsi accédé à la demande de son médecin personnel.
« J’estime que c’est sur une évacuation sanitaire que Kpatcha Gnassingbé est à Libreville, il n’est pas en liberté provisoire, il n’est pas en liberté conditionnelle, il n’est pas gracié », a ajouté Me Ajavon.
Cette évacuation, longtemps nécessaire, de Kpatcha Gnassingbé a été autorisée par Faure Gnassingbé lui-même, selon plusieurs sources. Le séjour en terres gabonaises du demi-frère du chef de l’Etat togolais devrait lui permettre de se soigner. Les conditions pour le soigner n’étant pas réunies au Togo.
En effet, l’ancien ministre, 52 ans, éprouvé par sa longue détention, a un sérieux problème aux pieds en raison de la sédentarité. L’homme souffre d’importants soucis de circulation de sang au niveau des jambes et son état nécessite une opération chirurgicale. Depuis des mois, son entourage ne cesse d’indiquer qu’il risquait une amputation. Il devrait subir à Libreville une intervention médicale.
Possible libération prochainement
Les conseils de Kpatcha Gnassingbé avaient œuvré un temps pour qu’il obtienne une libération provisoire ou la grâce présidentielle. Mais cette démarche n’avait pas abouti, pour cause du caractère politico-familial de la situation.
Depuis la sortie du territoire de M. Gnassingbé des voix se lèvent de nouveau pour que cette piste soit explorée afin qu’une liberté même conditionnelle ou carrément une grâce présidentielle lui soit accordée.
Et si cela aboutissait, deux autres coaccusés de Kpatcha Gnassingbé, dont le Commandant Abi Atti et le Capitaine Dontéma, pourraient également obtenir leur libération.
C’est alors qu’on apprend que les autorités gabonaises ont décidé de mettre en place une médiation entre les deux frères Gnassingbé. Selon RFI, cette médiation pourrait être directement menée par le président gabonais, Ali Bongo. Le but n’est autre que d’accorder une libération au célèbre détenu du pays.
Kpatcha Gnassingbé a été arrêté en 2009 et condamné en 2011 à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat.