L’assemblée nationale togolaise est revenue vendredi sur le rapport d’audit du Fonds Covid19. Par le biais de sa commission d’enquête, elle a confronté les membres de la Cour des comptes et les ministres du gouvernement. Les premiers sont les auteurs dudit rapport qui continue de défrayer la chronique et les deuxièmes sont ceux qui sont impliqués dans la gestion et l’utilisation de ces fonds. Les discussions ont été parfois houleuses mais à l’arrivée, on dénote toujours des zones d’ombre autour de ce rapport.
L’audience spéciale qui a abrité cet exercice a enregistré la participation des partenaires financiers, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile.
A l’occasion, Sani Yaya, le ministre de l’Economie et des Finances, son collègue en charge de l’Urbanisme, Kodjo Adedze, des Droits de l’homme, Christian Trimua, de l’Economie numérique, Cina Lawson ou encore de l’Eau, Damehame Yark ont fourni les éclaircissements demandés.
Les éclaircissements ont été fournis à la commission parlementaire d’enquête sur la gestion des fonds Covid19 et à la Cour des comptes qui parfois ne sont pas convaincus.
« Nous voulons que vous expliquiez les choses en termes clairs ou dans un langage vulgaire : est-ce que quelqu’un a volé le fonds covid ou non ? », a demandé Aklesso Atcholi, président du groupe parlementaire UNIR.
La vérité au sujet du Fonds Covid19
Le rapport de la Cour des comptes a noté quelques dysfonctionnements dans la gestion des fonds Covid19. Devant le parlement et les partenaires financiers, Amoussou-Guenou Assiba, Conseiller-maître à la Cour des comptes, l’a précisé.
« On ne peut pas dire tout de go qu’il y a des malversations financières mais le rapport d’audit révèle des dysfonctionnements graves qui crèvent les yeux. Par exemple, nous n’avons pas vu de caméras achetées, nous n’avons vu qu’une seule clinique mobile », a soulevé l’ancien ministre chargé de l’économie.
Et d’ajouter: « Il y a la réception de certains travaux qui ont été payés mais nous n’avons pas vu de procès-verbaux…Ce sont des anomalies qui interpellent et une étude approfondie situerait des responsabilités précises ».
Pour les ministres du gouvernement, les caméras ont été bel et bien achetées, le riz y compris et les fonds débloqués pour Novissi ont été mis à la disposition des bénéficiaires.
« Nous avons entendu des questions précises auxquelles des réponses qui nous paraissent équivoques ont été données », a déploré Sani Yaya avant d’ajouter « Je ne suis pas là pour défendre tel ou tel ministre. Je suis là pour dire la vérité telle que les choses se sont passées, parce que je suis l’ordonnateur ».
Le parlement prend acte
Le parlement a déjà écouté le gouvernement sur l’audit du rapport. La mise en place d’une commission spéciale sur le rapport signifie que les explications données à l’époque n’étaient pas convaincantes.
La décision d’affronter les 2 parties vise à analyser les arguments des uns et des autres pour trancher.
« Après avoir écouté les deux parties, on s’est rendu compte qu’il y a encore des zones d’ombre. En tout cas les réponses des uns et des autres ne concordent pas », a résumé Bernadette Leguezim-Balouki.
La présidente de la commission parlementaire d’enquête sur la gestion des fonds covid19 soutient que le parlement ne peut pas tirer une conclusion pour l’instant.
« C’est un débat très contradictoire entre les 2 parties que nous avons écouté. La suite c’est que nous allons élaborer notre rapport qui va être présenté en plénière une prochaine fois. En ce moment, ce sera l’occasion pour l’Assemblée nationale de tirer des conclusions, de se faire une opinion à partir de tout ce qu’on a entendu des 2 parties », a-t-elle annoncé.
Le rapport de la Cour des comptes a suscité une vive polémique depuis sa diffusion.