Le président togolais a entamé sa mission de médiation dans la crise entre la RDC et le Rwanda par une visite stratégique à Luanda. Dans la capitale angolaise, Faure Gnassingbé a rencontré son homologue angolais, João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine.
Annoncée comme une visite d’amitié et de travail, le déplacement de Faure Gnassingbé avait une forte teneur géopolitique. Au menu de la rencontre avec João Lourenço, chef de l’État angolais et président en exercice de l’Union africaine : le début effectif de la mission de médiation dans l’une des crises les plus explosives du continent.
Car depuis plusieurs mois, les tensions entre Kinshasa et Kigali, sur fond d’insécurité chronique dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, menacent dangereusement la stabilité de toute la région des Grands Lacs. Entre accusations croisées, mobilisation militaire et enlisement des processus diplomatiques, le besoin d’une médiation impartiale s’est imposé comme une urgence. C’est dans ce contexte tendu que l’Union africaine a jeté son dévolu sur le président togolais, désigné médiateur officiel.
La méthode Faure
Réputé pour sa discrétion et sa diplomatie feutrée, Faure Gnassingbé est souvent sollicité loin des projecteurs. En désignant Lomé comme épicentre d’une nouvelle tentative de conciliation entre la RDC et le Rwanda, l’UA mise sur un leadership éprouvé, capable de retisser les fils du dialogue là où les postures rigides ont jusqu’ici bloqué toute avancée significative.
« Il s’agit d’un leadership reconnu pour sa constance et son efficacité dans la résolution pacifique des conflits », rappelle la présidence togolaise dans un communiqué publié peu après la rencontre de Luanda. Une reconnaissance continentale qui consacre également la montée en puissance du Togo comme acteur diplomatique incontournable en Afrique de l’Ouest et au-delà.
João Lourenço en soutien actif
Le choix de Luanda pour ce premier déplacement n’a rien d’anodin. Le président angolais João Lourenço a, ces derniers mois, joué un rôle pivot dans les négociations autour de la crise congolo-rwandaise. Son soutien affiché à la mission de Faure Gnassingbé s’inscrit dans une volonté de dynamiser une approche coordonnée entre les différents instruments diplomatiques africains.
La complémentarité entre l’Angola, l’Union africaine et le Togo pourrait permettre de sortir de l’impasse.
La tâche qui attend le président togolais s’annonce toutefois délicate, voire périlleuse. Entre la méfiance réciproque entre Kigali et Kinshasa, la multiplication des groupes armés, et l’exaspération croissante des populations civiles, le moindre faux pas peut faire voler en éclats les frêles équilibres diplomatiques en place. Faure Gnassingbé devra composer avec des sensibilités exacerbées, tout en instaurant un climat de confiance propice à des négociations inclusives.
Selon plusieurs sources diplomatiques, des premiers contacts bilatéraux sont déjà en cours, et des discussions formelles pourraient s’engager dans les semaines à venir, avec un agenda progressif. L’objectif : bâtir une feuille de route réaliste, avec des engagements mesurables de part et d’autre.
Le pari de la paix
En endossant ce rôle de médiateur, Faure Gnassingbé s’inscrit dans la lignée des chefs d’État africains qui ont fait de la paix régionale un pilier de leur diplomatie. Une posture cohérente avec celle qu’il adopte déjà dans d’autres théâtres de tensions, du Sahel au golfe de Guinée.
Mais au-delà du cas spécifique de la RDC, la mission de Lomé cristallise les espoirs d’une Union africaine plus proactive et plus souveraine dans la gestion de ses propres crises. Pour Faure Gnassingbé, le défi est double : restaurer le dialogue entre deux voisins irréconciliés, et démontrer qu’une médiation africaine peut être synonyme de résultats tangibles.
La route vers la paix dans l’Est de la RDC est encore longue. Mais ce déplacement à Luanda en marque assurément le premier jalon diplomatique.
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