Faure Gnassingbé est confirmé médiateur dans la crise qui oppose la République démocratique du Congo au Rwanda par l’Union africaine. Le président togolais s’apprête à entrer dans une arène diplomatique aussi complexe que sensible. Une reconnaissance continentale pour celui qui, discrètement mais résolument, s’est imposé comme un acteur incontournable de la paix en Afrique.
C’est par la procédure silencieuse que la Conférence de l’Union africaine a entériné la désignation du chef de l’État togolais comme médiateur officiel dans le bras de fer qui déchire, depuis plusieurs années, Kinshasa et Kigali autour de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Faure Gnassingbé succède ainsi, ou plutôt poursuit les efforts, de son homologue angolais João Lourenço, jusque-là Champion de l’UA pour la Paix et la Réconciliation.
« Le Président Faure Essozimna Gnassingbé contribuera activement à la recherche d’une paix durable, à la réconciliation et à la stabilité dans la région des Grands Lacs », a déclaré Robert Dussey, chef de la diplomatie togolaise, dans un message de gratitude adressé au Bureau de la Conférence des chefs d’État de l’Union africaine.
Faure Gnassingbé, un profil de plus en plus convoité
À Lomé, cette désignation est perçue comme une consécration du rôle diplomatique que joue le Togo sur la scène africaine. Depuis plusieurs années, le président Faure Gnassingbé, souvent discret sur le plan médiatique, s’est forgé une réputation de facilitateur méthodique, multipliant les médiations dans les crises ouest-africaines – notamment en lien avec les transitions politiques au Mali et au Burkina Faso – mais aussi dans les pourparlers indirects entre certains acteurs régionaux du Sahel.
La reconnaissance de l’Union africaine intervient dans un contexte où la crise dans l’est de la RDC a atteint un nouveau palier de tension. Les autorités congolaises accusent ouvertement Kigali de soutenir les rebelles du M23, ce que le Rwanda dément catégoriquement. Malgré les multiples tentatives de désescalade, les efforts des processus de Luanda et de Nairobi peinent à enrayer durablement la dynamique de guerre.
Entre neutralité et proximité stratégique
La désignation de Faure Gnassingbé n’est pas anodine. Contrairement à d’autres médiateurs potentiels aux intérêts plus directs dans la région, le président togolais peut se prévaloir d’une posture de neutralité apparente, et d’un capital de confiance auprès de plusieurs chancelleries africaines et internationales. Lomé entretient par ailleurs des relations diplomatiques stables aussi bien avec Kinshasa qu’avec Kigali.
« Le choix du Togo s’inscrit dans une logique d’équilibre. C’est une diplomatie souple, sans grandiloquence, mais souvent efficace », confie un diplomate ouest-africain à Jeune Afrique.
Reste que les défis sont immenses. Outre la méfiance tenace entre les deux capitales, les multiples groupes armés présents dans les Kivus, les tensions régionales entre puissances rivales et les enjeux économiques liés à l’exploitation minière rendent toute médiation particulièrement complexe.
Lomé, futur centre de gravité diplomatique ?
Avec cette nomination, Lomé s’inscrit un peu plus comme un hub diplomatique sur le continent. Déjà hôte régulier de sommets internationaux, la capitale togolaise mise sur une diplomatie d’influence, à défaut d’une puissance économique ou militaire de premier plan. En capitalisant sur la stabilité politique relative du pays et sur le savoir-faire de son président en matière de négociation, le Togo espère s’affirmer durablement comme un facilitateur de paix au sein de l’UA et au-delà.
Faure Gnassingbé pourrait voir dans cette médiation une nouvelle opportunité de redéfinir son image à l’échelle internationale – celle d’un chef d’État africain prêt à jouer les bons offices dans les crises régionales les plus épineuses.
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