Le président angolais, João Lourenço a officiellement annoncé, samedi 5 avril, sa volonté de se retirer du processus de dialogue qu’il avait engagé entre la RDC et le Rwanda sous l’égide de l’Union africaine (UA). Toutefois, le chef de l’État angolais a plaidé pour la continuité du mécanisme de médiation. Lors d’une réunion du bureau de la Conférence de l’organisation panafricaine, il a avancé le nom de son possible successeur : Faure Gnassingbé, président du Togo.
João Lourenço aura passé deux années à piloter les efforts de médiation entre Kinshasa et Kigali. Mais les résultats ne suivent pas. Il a décidé de passer le dossier à Faure Gnassingbé. Une proposition bien accueillie par les membres du bureau de la Conférence, et qui aurait déjà fait l’objet de consultations préliminaires avec l’intéressé, selon les confidences de João Lourenço lui-même.
Le feu vert définitif devra toutefois venir de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, par le biais de la procédure dite de « silence » – un mécanisme diplomatique discret permettant l’approbation tacite d’une décision en l’absence d’opposition formelle.
Médiation : Un passage de témoin en douceur
En présentant la candidature du président togolais, Lourenço cherche à assurer une transition ordonnée dans un processus de médiation particulièrement sensible. Depuis novembre 2022, l’initiative de Luanda, conduite en parallèle du processus de Nairobi, visait à apaiser les tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, sur fond de conflit armé à l’est du Congo et d’accusations de soutien de Kigali au M23.
João Lourenço a par ailleurs salué les résultats du sommet conjoint entre la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), tenu fin mars, et souligné l’importance de l’harmonisation des démarches régionales. Il a notamment évoqué la désignation de cinq co-facilitateurs africains, dont la première réunion s’est tenue le 1er avril, comme une avancée significative vers une approche unifiée.
Faure Gnassingbé et la diplomatie togolaise proactive
Le choix de Faure Gnassingbé ne doit rien au hasard. Discret mais actif sur le terrain diplomatique, le président togolais s’est progressivement imposé comme un médiateur crédible sur le continent, jouant récemment un rôle dans les crises malienne et burkinabè.
À Lomé, son entourage assure que le Togo est prêt à assumer cette responsabilité, avec l’expérience d’un pays habitué aux démarches de bons offices, y compris au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Mais cette nouvelle architecture diplomatique ne va pas sans soulever des interrogations sur la coordination des efforts en cours. En parallèle des initiatives africaines, le Qatar mène depuis plusieurs mois, à Doha, une médiation confidentielle entre la RDC et le Rwanda, dans le but de restaurer le dialogue politique entre les deux capitales. Une multiplication des acteurs qui, si elle n’est pas étroitement coordonnée, risque de brouiller les lignes, voire de ralentir les avancées obtenues.
Pour l’heure, l’Union africaine mise sur la complémentarité des démarches. Mais le futur rôle de Faure Gnassingbé – s’il est confirmé – devra s’inscrire dans un jeu d’équilibriste entre diplomatie régionale, ambitions continentales et initiatives parallèles. Un défi que le président togolais, réputé pour sa méthode feutrée et sa patience, pourrait bien relever avec doigté.
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