Le Togo connait ce samedi 15 février l’organisation des premières élections sénatoriales de son histoire. Le scrutin se déroule au suffrage indirect avec pour électeurs 1706 électeurs composés de 1527 conseillers municipaux et 179 conseillers régionaux. Le sénat marque l’avènement de la nouvelle constitution promulguée en mai 2024 et toujours vivement contestée par une partie de l’opposition et d’organisations de la société civile.
Le vote se déroule dans 39 bureaux de vote à travers les cinq régions économiques du Togo –maritime 08, plateaux 12, centrale 05, Kara 07 et savanes 07-.
Dans chaque bureau de vote, il est prévu sept (7) membres issus de différents partis politiques. Trois (3) pour l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir et deux (2) pour l’opposition. La CENI et l’administration ont également chacune des représentants.
Les 1706 conseillers municipaux et régionaux vont élire 41 sénateurs parmi les 89 candidats en course. Avantage favorable pour UNIR qui, seul totalise 139 conseillers régionaux sur 179 et 895 conseillers municipaux sur les 1527 que compte le Togo.
Les grands partis de l’opposition boycottent les Élections sénatoriales
Sur les 89 candidats en lice pour le sénat, 78 sont issus des partis politiques et 11 indépendants. L’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ont décidé de boycotter ce scrutin.
Ces partis politiques d’opposition qui ont une représentativité assez importante dénoncent des fraudes électorales des municipales de 2019 et des régionales de 2024.
« Les élections sénatoriales programmées sont pipées d’avance parce que le régime RPT-UNIR a réussi, grâce à des fraudes électorales massives lors des élections communales de 2019 et régionales de 2024, à s’attribuer la quasi-totalité des conseillers municipaux et régionaux qui constituent le corps électoral », a écrit en cours de semaine Me Dodji Apevon, président des FDR dans un communiqué.
Même son de cloche chez l’ANC de Jean Pierre Fabre qui, dans un courrier adressé à la CENI a exigé le retrait sans conditions de tous ses représentants. Ce, après avoir constaté que malgré la décision de ne pas participer au processus des élections sénatoriales, la CENI positionne des représentants, y compris des personnes inconnues de l’ANC, pour représenter le parti dans les bureaux de vote.
La constitution, l’autre pomme de discorde
Les élections sénatoriales constituent sans nul doute l’une des dernières étapes dans la mise en place des institutions de la Vè République. Le Togo ayant basculé dans un régime parlementaire en mai 2024 à l’issue du changement constitutionnel, voté par des députés en fin de mandat.
Selon la nouvelle loi fondamentale, la fonction de président de la République est désormais purement honorifique et l’exercice effectif du pouvoir est assuré par un président du Conseil qui doit être le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Le président de la République sera désigné par le Sénat.
De facto, le président du conseil revient à Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père resté près de 38 ans à la tête du pays. Son parti, UNIR a largement remporté les élections législatives d’avril avec 108 sièges sur 113.
Pour l’ANC, les FDR et la DMP, participer aux sénatoriales, c’est adoubé le coup d’Etat constitutionnel de mai 2024.
« Face à un régime qui ne recule devant aucune manipulation pour confisquer la République, ce scrutin qui vise à mettre en place un sénat maintenant, poursuit essentiellement la légitimation du coup d’État constitutionnel », a argumenté Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la DMP.
Le camp présidentiel martèle, l’institutionnalisation du sénat entre dans le processus de démocratisation du Togo.
« Avec la tenue des élections sénatoriales, ce samedi 15 février 2025, et l’installation du Sénat qui s’en suivra, le Togo aura franchi un pas de plus vers l’élection du Président de la République et la prise de fonction du Président du Conseil, et une étape décisive vers le parachèvement de la mise en place des institutions prévues par la Constitution de la cinquième République. Et tout ceci, dans un climat apaisé et serein », a écrit le ministre Gilbert Bawara son compte X à la veille du scrutin.
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