L’Union des forces de changement (UFC) cherche à reprendre du poil de la bête. Le parti de Gilchrist Olympio (actuel chef de file de l’opposition) réfléchit à de nouvelles orientations pour son renforcement. Pour ce faire, un congrès est annoncé pour les prochains mois. De retour au sein du parti après un temps de congé, Dr Gada Folly Ekue se mire dans un mutisme. Ce conseiller de Gilchrist Olympio était connu comme l’un des communicateurs de l’UFC. Dans l’interview ci-après, Dr Ekue s’explique. Il revient sur ses relations avec Elliot Ohin et les députés UFC et dévoile son positionnement au sein du parti.
Togobreakingnews : Bonjour Dr Gada Folly Ekue
Dr Gada Folly Ekue : Je vous salue, et à travers vous tous les lecteurs de Togo Breaking News.
Depuis votre retour à l’Union des Forces de Changement (UFC) en septembre 2021 l’opinion ne vous a plus vraiment senti. Or au-delà de votre statut de conseiller du président Olympio, on vous connaissait comme l’un des principaux communicateurs du parti. Qu’est ce qui explique ce mutisme ?
Il y a effectivement un an environ j’ai fait un coming back, après ma rencontre à Paris avec le PN Gilchrist Olympio. Ce fut suite aux offices conciliateurs d’un de ses proches collaborateurs. Ce retour accomplissait dans une certaine mesure un vœu personnel du PN qui comptait en fait sur un certain nombre de haut-responsables (dont ma personne) pour porter son héritage politique et faire aboutir possiblement son combat pour une alternance pacifique au Togo.
A l’occasion, il m’a demandé d’animer une conférence sur l’identité idéologique du parti et sur notre ligne politique actuelle. Entendez par là le jeu d’une opposition constructive et responsable en mesure de constituer demain une alternative au parti au pouvoir. C’était à son domicile à Paris, en présence par ailleurs du camarade Isaac Tchiakpe et du collaborateur en question. J’étais ainsi revenu à Lomé avec cette mission qui ne devait cependant se réaliser qu’en collaboration avec les structures statutaires du parti.
Or en ce moment, le parti traversait déjà des secousses non indifférentes avec à la clé des incompréhensions au sein du Bureau Directeur. Il fallait donc nécessairement travailler dans un premier temps à aplanir ces divergences, à unir les positions autant que possible, à obtenir des uns et des autres une attitude de soumission aux textes du parti, ce qui renforcerait le parti dans son ensemble avant tout évènement d’envergure nationale. Depuis lors, c’est à ce travail silencieux de conciliation interne que je me dédie, ensemble avec d’autres hauts-cadres dont certains députés, les présidents fédéraux et surtout avec le 2ème Vice-Président, Elliot Ohin.
Justement avant de prendre vos distances de l’UFC vous accusiez l’ancien ministre Elliot Ohin de jouer un rôle négatif au sein du parti. Quelles relations entretenez-vous actuellement avec M. Ohin et les députés UFC à l’Assemblée nationale ?
Mes relations avec M. Ohin sont aujourd’hui assez bonnes. Mais il en est de même avec les députés et les autres hauts cadres du parti avec qui je n’ai aucun différend à ce que je sache. Ce qui est bien puisqu’il nous est demandé d’être en paix avec tous autant que cela dépende de nous. Mes divergences avec M. Ohin ont toutes été clarifiées et aplanies; et le PN Gilchrist Olympio en a été pour quelque chose.
Il faut savoir qu’à l’UFC M. Ohin compte. Il compte d’abord de par sa position statutaire mais aussi en vertu de son parcours à côté du PN durant toutes ces années de guerre et de paix. Il n’est pas possible de faire sans lui. Ceci est une donnée essentielle que je demanderais avec humilité et responsabilité à tous nos partenaires de prendre en compte. Tout le monde a et aura sa place dans une architecture solide et renouvelée du parti.
Nous devrions tous travailler pour le renforcement ou non pour la scission. Ceci est la ligne que je défends, M. Ohin de même, et c’est une ligne qui fait grandement honneur à M. Gilchrist Olympio en particulier dans cette phase de sa vie.
Quel est désormais votre positionnement au sein de l’UFC ?
Je suis resté conseiller et membre du cabinet restreint du président national. Je travaille autant que possible pour l’unité, la discipline et le respect scrupuleux des textes qui régissent au sein du parti la répartition des pouvoirs et des attributs des uns et des autres. Car seul le respect des textes que nous nous sommes librement donnés restera le gage de l’ordre et de la stabilité. Le contraire c’est de l’anarchie.
On annonce un prochain congrès de l’UFC. A quand est prévue cette assise ?
Oui, effectivement l’UFC devra aller au congrès dans les prochains mois. Nous le savions et l’attendions tous, mais le congrès est devenu une contrainte rédhibitoire depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi portant charte des partis politiques en République togolaise. Toutefois, il n’y a pas encore à ma connaissance une date pour cette assise.
Les préparatifs sont en cours et le congrès se tiendra. Un seul congrès. Pas deux, car dans tous les cas un seul congrès sera légitime et aura dans la durée le soutien moral et politique de la base du parti d’une part et du peuple togolais de l’autre. Je n’ai aucun doute sur la question.
Qu’est-ce qui sera fait concrètement lors du congrès et quelle UFC après Gilchrist Olympio dont l’âge est vraiment avancé ?
Le prochain congrès élira et mettra en place un nouveau bureau directeur, approuvera les nouveaux statuts et textes du parti, et fixera les lignes idéologique et politique à suivre durant les prochaines années d’activité militante et politique. Le PN est effectivement très âgé. Nous souhaitons que Dieu lui accorde davantage d’années et de sérénité. La question d’un après Gilchrist Olympio ne saurait donc être posée pour le moment.
Ces dernières semaines, l’actualité nationale a tourné autour des questions de la vie chère, de la flambée des prix du pétrole, de la sécurité et de la lutte anti-terroriste. En tant qu’observateur avisé que dites-vous de ces questions qui intéressent au plus haut point les Togolais ?
Contre la vie chère et ses corollaires, le gouvernement a fait d’importantes réformes et posé des actions en faveur des fonctionnaires et des acteurs du secteur informel. Ces mesures sont effectives et soulagent déjà des milliers de foyers. Ceci est un énorme effort qui est à saluer et que les populations devraient apprécier à sa juste valeur.
Quant à la lutte anti-terroriste et aux questions sécuritaires, cela fait bien des mois que la situation s’améliore grâce au travail des Forces de défense et de sécurité sur le terrain. En observant cependant la situation et les récentes évolutions en Europe, j’attirerais volontiers l’attention des pouvoirs exécutif et législatif sur la nécessité pour le Togo de maintenir, quelles que soient les pressions, sa position d’Etat neutre, libéral et ouvert à tous les types de partenariat stratégique en matière sécuritaire et économique. A ce titre, les récentes relations avec la Turquie sont à féliciter.
Enfin, l’heure serait peut-être venue pour que notre pays entame une réflexion stratégique sérieuse aux fins de l’élaboration d’une loi générale sur l’immigration au Togo, loi qui devrait réguler particulièrement le statut des étrangers, le retour de la diaspora togolaise vivant hors d’Afrique, et anticiper sur d’éventuels flux migratoire étranger vers notre pays tels qu’on n’en a pas connu par le passé.
Votre dernier mot …?
Mes remerciements vont à Togo breaking News pour la qualité du travail auquel l’équipe nous a habitués ces dernières années.