Gilbert Bawara a appelé mardi les enseignants togolais à un sens de responsabilité. Le ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social a indiqué que la grève à laquelle a appelé la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) est illégale. Il indique que des dispositions fermes seront prises contre ceux qui observeraient cette grève. M. Bawara a évoqué également entre autres sujets le concours de recrutement de la fonction publique, la question des retraités ou encore les différents licenciements enregistrés à Amina et à EDITOGO.
Le gouvernement a annoncé récemment un concours de recrutement dans la fonction publique. Pour Gilbert Bawara, ce concours est maintenu. Le ministre indique que beaucoup de temps ont été pris pour préparer ce concours pour le fait que le gouvernement a décidé de s’accoler au plus près des besoins des différentes administrations, services et institutions de la République.
« Il y a eu une identification et une description des profils et des compétences les plus fins de chaque administration. Donc le concours sera général, en ce sens que ce sont tous les services, ministères et institutions qui sont concernés mais les épreuves se feront en tenant compte des profils. Il y aura des épreuves différentes en fonction des profils », a-t-il dit.
Le ministre de la fonction publique estime que ce faisant, il y aura plus d’équité et de justice dans le recrutement. Il indique que les modalités financières de l’organisation sont en cours de finalisation avec le ministère de l’économie et des finances.
Toujours au sujet du recrutement, le patron de l’administration togolaise a avancé que le gouvernement n’est pas resté inactif. Il a relevé que depuis 2009, il y a des concours dans le secteur de la santé, de l’éducation, du ministère de l’économie et des finances.
« Le gouvernement est resté très actif en matière social et notamment de recrutement. Nous espérons pouvoir aller, si les moyens budgétaires le permettent, jusqu’à 1500 nouveaux agents à l’issue de ce concours… Je voudrais aussi rappeler qu’il y a un concours de recrutement de la police qui permettra d’enrôler un nombre important de nos frères et sœurs », a indiqué Gilbert Bawara qui se réjouit du fait que l’Etat togolais est l’un des rares pays de la sous-région à organiser un concours de recrutement dans un contexte de crise sanitaire.
Le ministre de la fonction publique appelle les togolais à reconnaître les efforts importants qui sont consentis par la collectivité nationale à travers le gouvernement pour répondre aux besoins et attentes des populations togolaises.
« Ne mesurez la question du bonheur uniquement par rapport au salaire. Tout est question de degré. Certains sont dans le désœuvrement, d’autres ont un travail mais gagnent un salaire qu’on reconnaît insatisfaisant. Entre les deux, la situation est déjà déplorable », a-t-il relevé déclarant au passage avoir eu une enfance heureuse aux côtés de ses parents paysans à Siou.
La FESEN et les mises en garde de Bawara
Abordant les problèmes du secteur de l’éducation spécifiquement et notamment la grève lancée par la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN), le ministre a estimé que la démarche de l’organisation syndicale est illégale.
Gilbert Bawara indique que Houssimé Sénon, le Secrétaire général de la FESEN ne peut plus être un interlocuteur valable du gouvernement. Pour soutenir sa position, le ministre évoque le nouveau code du travail.
Pour le ministre, il y a trois ou quatre catégories d’acteurs ou de personnages qui prétendent vouloir aider les enseignants mais ils sont en train de les conduire dans un précipice et dans une voie dangereuse.
Pour lui, la première catégorie c’est des agents de l’Etat qui ne sont plus dans l’éducation et dans l’enseignement qui continue à appeler à des comportements qui peuvent porter préjudice aux enseignants. La 2e catégorie est celle des personnes ayant été ou non des responsables d’organisations syndicales qui sont à l’extérieur du pays et qui cherchent à tirer les ficelles. Pour finir, Gilbert Bawara déconseille aux enseignants de ne pas suivre les acteurs politiques qui pensent pouvoir obtenir grâce à un climat de tension et d’agitation ce qu’ils n’ont pas pu obtenir dans les urnes ou sur le champ politique.
« La première catégorie de ces acteurs est illustrée par M. Houssimé, ancien enseignant aujourd’hui admis à la retraite qui appelle des gens à aller à la grève puisque lui personnellement n’encours aucun risque. Il n’y aura pas de précompte sur les pensions de retraite et il ne pourrait encourir aucun sanction disciplinaire parce qu’il n’est pas en activité », a fait remarquer M. Bawara.
Partant, le ministre de la fonction publique pense qu’il ne peut pas y avoir une grève régulière les 2 et 3 novembre. Il indique que l’article 324 du nouveau Code du travail donne deux conditions indispensables et essentielles qu’il faut respecter. La première ce sont des négociations préalables qui doivent déboucher sur un procès-verbal de négociation consacrant soit un accord total ou partiel ou alors le désaccord. Cette condition, personne ne peut en être dispensé. La 2e condition est un préavis de 10 jours ouvrés.
« En lisant ces deux conditions, tout le monde en tirera les conclusions qu’il faut. Il est absolument impossible de se livrer à l’exercice régulier d’une grève régulière les 3 et 4 novembre. J’en tire pour conséquence que l’article 324 donne les conditions d’une grève licite », a relevé le ministre.
Gilbert Bawara estime que tous les enseignants qui respecteront la grève mercredi et jeudi commettront une faute lourde qui donnera lieu à des sanctions disciplinaires.
Le ministre en charge du dialogue social avance que le gouvernement est constamment en concertation avec les organisations syndicales. Ainsi, M. Bawara annonce que toutes les fédérations de l’éducation sont invitées à une réunion le jeudi 4 novembre prochain pour évoquer toutes les préoccupations du secteur.
Le ministre de la fonction publique rappelle que le gouvernement a réaffirmé son engagement le 7 septembre dernier à l’issue de la session spéciale du dialogue sociale concernant la prime réclamée par les enseignants. A l’époque il était dit que la question de la prime sera réglée après la révision du statut général de la fonction publique.
Pour Gilbert Bawara, il faut évoquer les problèmes du secteur de l’éducation de manière responsable. Il reconnait qu’il y a encore plusieurs défis notamment le manque de salles de classes, le manque d’enseignants, le nombre encore pléthorique d’enseignants volontaires, le manque de matériels didactiques dans les établissements.
« J’invite les uns et les autres au bon sens et à la responsabilité… Les dispositions les plus exigeantes et les plus fermes seront prises ».
Les retraités, la couverture maladie et les licenciements
La question des retraités et surtout de l’allocation de départ à la retraite était également à l’agenda de cette sortie du ministre. Gilbert Bawara a rassuré que les services du ministère de l’économie et des finances sont à pied d’œuvre pour boucler l’essentiel et permettre aux ayants droits (admis à la retraite à compte de janvier 2020) de bénéficier 3 mois de salaire correspondant aux allocations de départ à la retraite.
Abordant le sujet d’assurance maladie universelle, M. Bawara précise que le gouvernement compte permettre à tous les togolais, indépendamment de leurs revenues, de pouvoir se soigner. Le ministre note que cette avancée nécessité deux conditions à savoir l’amélioration continue du système de santé et aussi des dispositions pratiques ainsi que la mobilisation des ressources pour relever le plateau technique.
Le ministre en charge du travail et du dialogue social s’est prononcé sur l’affaire « Togo Presse » avec le licenciement de certains journalistes. Pour lui, ce licenciement est un résultat du comportement des travailleurs de cette entreprise parapublique pour avoir bloqué l’outil de travail, fermer les bureaux, les véhicules et empêcher les accès.
Au niveau de la société mèche Amina, Gilbert Bawara explique qu’il s’agissait presque des mêmes causes qu’à EDITOGO. Le ministre estime que les délégués de personnel de cette société ont empiré la situation par leur comportement.
Toutefois, M. Bawara rassure que l’ensemble des travailleurs de mèche Amina peuvent être repris à l’exception « des délégués de personnel qui ont estimé que leur statut était plus important que la sauvegarde de l’activité économique et des emplois ».