Le 10 mars dernier, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio s’est entretenu par téléphone avec le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Olushegun Adjadi Bakari. Cette conversation s’inscrit dans un contexte où Washington, ayant été contraints de quitter le Niger, cherchent à préserver leur influence en Afrique de l’Ouest.
Le Bénin, un partenaire stratégique de Washington
Le retrait des troupes américaines du Niger représente une perte majeure pour Washington, qui considérait ce pays comme un pilier de sa présence militaire au Sahel. Face à ce revers, les États-Unis tentent de renforcer leurs relations avec les pays où leur influence demeure intacte. Le Bénin en est un exemple frappant.
Cependant, il est essentiel de rappeler que le partenariat sécuritaire entre les États-Unis et le Bénin ne date pas d’hier. Malgré cette coopération de longue date, la situation sécuritaire continue de se détériorer. Les groupes armés opérant dans la région poursuivent leurs incursions à partir des pays voisins, remettant en question l’efficacité du soutien militaire américain.
Les leçons du cas nigérien
L’expérience du Niger soulève de nombreuses interrogations sur l’impact réel de la présence militaire américaine en Afrique de l’Ouest. Pendant des années, Washington a maintenu une présence active à Niamey, notamment à travers sa base d’Agadez, considérée comme un centre stratégique de surveillance dans la région. Pourtant, cette présence n’a pas permis de stabiliser le pays ni d’endiguer la menace terroriste.
De plus, selon plusieurs sources, les États-Unis ne partageaient pas systématiquement leurs renseignements sur les mouvements des groupes armés avec les autorités locales. Ce manque de transparence a contribué à la détérioration des relations entre Niamey et Washington, jusqu’à la rupture de l’accord militaire le 16 mars dernier.
Autre point de friction : les pressions politiques exercées par les États-Unis sur le Niger. La visite de la délégation menée par Molly Phee en mars illustre cette volonté de contrôle. Washington ne se contentait pas d’un partenariat militaire, mais cherchait également à dicter aux autorités nigériennes leurs alliances diplomatiques, les dissuadant de coopérer avec des puissances telles que la Russie, l’Iran et la Chine.
Un modèle à suivre pour le Bénin ?
Face à ces constats, la question se pose : le Bénin pourrait-il être confronté au même dilemme que le Niger ? Si Washington renforce son partenariat sécuritaire avec Cotonou, cela se traduira-t-il par une amélioration de la sécurité ou par une dépendance accrue vis-à-vis des intérêts américains ?
Les tendances récentes en Afrique montrent que de plus en plus de pays prennent conscience que la présence militaire étrangère ne constitue pas une solution durable à leurs problèmes de sécurité. Plutôt que de s’en remettre uniquement aux puissances occidentales, les États africains cherchent à développer des partenariats plus équilibrés et à reprendre le contrôle de leur souveraineté.
Le cas nigérien a démontré que la coopération avec les États-Unis n’est pas toujours synonyme de stabilité. Il appartient désormais aux dirigeants béninois d’évaluer si ce partenariat correspond réellement aux intérêts de leur pays ou s’il risque, à terme, de limiter leur autonomie stratégique.
Par Coulibaly Mamadou
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