La Commission de la CEDEAO a évalué mercredi à Lomé la feuille de route des Chefs d’Etat de l’organisation pour la sortie de crise au Togo avec les protagonistes togolais. Cette réunion, qui a enregistré la présence effective du pouvoir et de la Coalition des 14 partis de l’opposition, a été l’occasion de préciser les contours des décisions. A l’issue, la Coalition de l’opposition a indiqué avoir soulevé les manquements de la feuille de route et soulevé la question du découpage électoral pour les élections législatives ainsi que la nécessité d’opérer préalablement les réformes. Quant au pouvoir, il a réaffirmé son engagement à tout mettre en œuvre pour l’application rigoureuse des décisions et pour la tenue des élections le 20 décembre prochain.
Le 31 juillet les chefs d’Etat de la CEDEAO ont recommandé la poursuite de la mise en œuvre des mesures d’apaisement, la révision intégrale du fichier électoral en vue de l’organisation le 20 décembre 2018 des élections législatives. Ils ont prescrit également l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant en compte le mode de scrutin à 2 tours pour l’élection du Président de la République, la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, la recomposition de la Cour Constitutionnelle pour revoir sa composition et limiter le nombre de mandat de ses membres. Ils ont en outre insisté sur le renforcement du processus électoral en particulier le fonctionnement effectif de la CENI avec la participation de l’ensemble des acteurs et ordonné l’adoption de ces réformes par voie parlementaire ou les soumettre aux consultations électorales, le cas échéant.
La rencontre du jour à Lomé, qui s’est tenue en prélude à la première réunion du Comité du suivi composé des représentants des facilitateurs et de la Commission de la CEDEAO, a permis Jean-Claude Brou de faire le point sur les avancées enregistrées depuis le 31 juillet et écouté les deux parties sur les propositions de chronogramme de mise en œuvre de la feuille de route.
« Ces décisions sont de nature à consolider la paix et à renforcer la démocratie au Togo. Je voudrais pour remercier pour les échanges forts utiles que nous avons eus cet après-midi. La Commission de la CEDEAO fera bon usage de ce qu’elle a entendu de vous-mêmes et en fera un compte rendu aux deux facilitateurs », a déclaré M. Brou à la fin de la rencontre.
S’exprimant pour le compte de la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition a indiqué qu’ils ont fait part de leurs remarques sur la feuille de route et fait Etat des manquements des décisions
« Nous avons présenté nos observations et le président de la Commission a indiqué qu’ils seront de retour prochainement avec le comité de suivi pour discuter de la mise en œuvre des décisions », a déclaré M. Fabre.
Le Président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a soulevé le point concernant le découpage électoral pour les élections législatives, la composition de la CENI, la libération des détenus, entre autres. Pour M. Fabre, il sera établi un chronogramme de mise en œuvre des décisions et pour la tenue des élections. Ce leader de la coalition affirme par ailleurs que s’il n’y a pas de possibilité de tenir les élections à la date prévue, elles seront reportées.
{loadmoduleid 210}
Quant aux représentants du gouvernement et du parti UNIR, ils indiquent avoir saisi l’occasion pour réaffirmer leur engagement et leur détermination à tout mettre en œuvre pour l’application et le respect effectifs des décisions des chefs d’Etat de la CEDEAO.
« Et nous continuerons d’œuvrer pour que ce processus politique soit le plus inclusif possible. Les réformes constitutionnelles seront réalisées en respectant les axes préconisés par le Sommet du 31 juillet et tous les moyens et ressources seront mobilisés et engagés pour l’organisation et la réussite des élections dans les délais impartis. La même détermination et le même engagement nous animent concernant la consolidation du climat de confiance et de décrispation, comme en témoignent les mesures d’apaisement additionnelles décidées aujourd’hui même avec la libération de six militants de l’opposition », déclare Gilbert Bawara, point focal du gouvernement.
Pour lui, le gouvernement qui vient de libérer 6 personnes arrêtées dans le cadre des manifestations politiques entend jouer pleinement sa partition et assumer sa part de responsabilité, toujours dans un esprit de dialogue et d’ouverture. Il estime également que les parties prenantes au dialogue ont fait leur part, et les dirigeants ont délibéré et tranché.
« Désormais, c’est toute la société togolaise, notamment tous les acteurs politiques et de la société civile qui doivent se mobiliser pour que les élections du 20 décembre 2018 soient un rendez-vous démocratique exemplaire », a-il conclu précisant que ces élections étaient une affaire de tous et non pas uniquement des seules parties prenantes au dialogue.
Notons que le président de la Commission de la CEDEAO annonce une prochaine réunion du comité de suivi, institué par le sommet du 31 juillet, pour établir un chronogramme pour la mise en œuvre des décisions afin de permettre la tenue des élections législatives le 20 décembre prochain. Il invité l’ensemble des acteurs à œuvrer pour le respect de cette date et promet que la Commission de l’organisation fera tout pour que les élections au Togo soient transparentes.