Le 6 mars dernier, les députés de l’Assemblée nationale togolaise ont adopté une nouvelle prorogation de l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes pour 12 mois supplémentaires. La mesure s’inscrit dans la continuité des efforts du gouvernement pour lutter contre les incursions des groupes terroristes. L’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) a choisi de s’abstenir, exprimant ainsi des réserves sur la gestion de la crise sécuritaire et le manque de garanties pour les libertés fondamentales.
Lundi, le parti ADDI a expliqué les raisons de son positionnement. Tout en reconnaissant la gravité de la menace sécuritaire, le parti dénonce une approche non inclusive et un manque de transparence dans la prise de décision.
« L’instauration de l’état d’urgence ne doit en aucun cas être un prétexte pour restreindre les droits des citoyens, museler les voix dissidentes ou compromettre le fonctionnement des institutions démocratiques », a indiqué l’ADDI, soulignant l’absence de garanties sur la préservation des libertés fondamentales.
Le parti regrette également l’exclusion de l’opposition et de la société civile des discussions préalables à l’adoption de cette mesure exceptionnelle.
« Une telle décision nécessite un consensus national, mais l’opposition a été tenue à l’écart des concertations », déplore Prof Aimé Gogué, le Président de l’ADDI.
Une gestion critiquée de la crise sécuritaire
L’ADDI ne s’est pas limitée aux considérations politiques. Le parti a aussi remis en question la stratégie sécuritaire du gouvernement, en pointant du doigt les failles dans la mise en œuvre de certaines mesures de protection.
L’un des points les plus sensibles soulevés concerne l’attaque meurtrière de Fanworgou, survenue dans la nuit du 1er au 2 octobre 2024, qui a coûté la vie à 19 personnes, dont des civils et des militaires. L’ADDI attribue ce drame à des négligences dans l’attribution du marché de construction de la barrière de protection. Pour cette formation politique, le Génie militaire aurait dû être chargé de ces travaux stratégiques, plutôt qu’une entreprise civile.
Par ailleurs, le parti appelle le gouvernement et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) à faire preuve de plus de considération envers les militaires tombés sur le champ d’honneur. Il appelle également à renforcer les contrôles pour éviter les abus sur les populations aux check-points.
« L’extrémisme violent est souvent la résultante de la marginalisation et des exclusions dans la gouvernance politique et économique. Sa prévention ne peut se limiter à des réponses militaires, mais doit inclure une approche plus réconciliatrice et inclusive », lit-on dans le communiqué du parti.
Recommandations de l’ADDI pour plus de transparence et d’efficacité
Face aux incertitudes entourant cette troisième prorogation de l’état d’urgence sécuritaire, l’ADDI exige des garanties et des comptes sur l’évolution de la situation dans les Savanes.
Le parti formule plusieurs recommandations. Il invite à faire un bilan détaillé avant la fin de la première session ordinaire de 2025 sur l’impact de l’état d’urgence. La formation politique demande une amélioration du commandement des FDS afin d’éliminer les abus de certains agents sur les populations locales. De même, l’ADDI demande une meilleure coordination des mesures sécuritaires, avec une implication active des forces locales et une gestion plus rigoureuse des projets d’infrastructure défensive.
Le parti réaffirme sa volonté de contribuer à toute initiative renforçant la sécurité et la stabilité du pays, à condition qu’elle respecte les principes démocratiques et les droits humains.
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