L’Organisation Internationale pour les Migrations a estimé qu’entre 2 et 2,5 millions de togolais vivent à travers le monde. Le départ massif des togolais, surtout des jeunes, se fait ressentir dans tous les secteurs. Même chez des futurs prêtres. Au Grand séminaire Jean Paul II de Lomé par exemple, la réalité semble être tangible avec des pensionnaires qui vident le séminaire pour se rendre directement à l’étranger.
C’est une situation qui inquiète tellement le Révérend Père Georges Gbafa. Le curé de la Paroisse Sancta Maria Regina Pacis d’Apédokoè s’est vertement plaint lors d’une récente célébration eucharistique du départ massif des séminaristes ces dernières années.
« Chers paroissiens, il y a quelque chose de grave qui se passe. C’est depuis 2003 qu’il m’a été confié ce ministère d’accompagnement des séminaristes, mais ces dernières 2 ou 3 années ce qui se passe dépasse mon entendement. Cette année par exemple, à part les séminaristes que nous avons orientés, 13 sont partis pour la France à travers Campus France » a déballé le Père curé qui ajoute « Même, celui (le séminariste stagiaire, NDLR) qui est ici avec moi est parti sans informer le clergé ».
De loin, il révèle que l’effectif au Grand séminaire Jean Paul II de Lomé a drastiquement baissé. Actuellement on ne dénombre que 61 étudiants dans ce grand séminaire, de la Théo 1 jusqu’à la Théo 4.
« Même le recteur m’a interpellé sur ce sujet. Lui qui voulait savoir ce qui explique le choix des séminaristes au profil de la France regrette le fait que le Grand séminaire Jean Paul II de Lomé qui a toujours battu le record en termes d’effectif se retrouve désormais à la traine », a confessé RP Gbafa.
Des futurs prêtres en perdition ?
Pour le curé de la Paroisse Sancta Maria Regina Pacis d’Apédokoè, ce qui arrive aux séminaristes est une forme de tentations. Il est convaincu que l’occident agit toujours par intérêt et si le campus France est devenu ‘’un petit pain’’ qu’on partage aux séminaristes, c’est parce que ceux-ci sont des ressources humaines de qualité.
« Nous devons prier pour nos séminaristes… Surtout nous devons avoir en esprit que le blanc ne donne rien gratuitement. Aujourd’hui, s’il a la facilité de donner le visa à nos séminaristes c’est parce qu’ils sont bien formés. Et c’est le plan du blanc, racler ou vider nos pays des gens bien formés », a-t-il renseigné en langue.
RP Gbafa en appelle aux parents d’aider l’église à orienter les séminaristes à qui il demande d’avoir la crainte de Dieu.
« Chers parents je vous le dis, aidez-nous à conscientiser vos enfants. La nature a ses lois et il y a des choses qui ne se font pas dans la vie. Les séminaristes doivent le savoir », a-t-il alerté.
Ces déclarations ont été faites au lendemain des décisions de nomination 2024 dans l’archidiocèse de Lomé. A l’arrivée, l’on se demande pourquoi des séminaristes à qui ‘’la fonction’’ de prêtre est garantie désertent leurs lieux de formation à quelques mois seulement de la fin de leur cursus ? Cela est-il dû aux mauvaises conditions d’étude ? Aux difficultés liées à la vie au séminaire ? En tout cas…
Cependant de façon générale, les raisons de l’immigration au Togo sont connues. Selon une récente enquête Afrobaromètre, plus de 8 Togolais sur 10 évoquent les difficultés économiques (38%), la recherche du travail (35%), la pauvreté (8%), ou la quête de meilleures opportunités d’affaires (2%) comme les principales raisons qui les amènent à penser quitter le pays.
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