Le président du parti Forces Démocratiques pour la République (FDR) a invité mercredi le gouvernement togolais à prendre un certain nombre de mesures pour parvenir à réaliser l’union nationale contre le terrorisme. Saluant la rencontre du 4 août dernier entre le gouvernement et les acteurs politiques, Me Paul Dodji Apévon se dit convaincu que le rassemblement voulu par le gouvernement ne pourra pas être une réalité dans les circonstances actuelles. Ainsi, il donne 5 recettes au pouvoir pouvant favoriser la mobilisation de tous contre l’extrémisme violent.
Terrorisme dans un contexte politique difficile
D’entrée, les FDR ont condamné les attaques barbares dont le Togo est victime depuis quelques mois. Le parti salue l’initiative du chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé de créer une cohésion nationale pour une meilleure riposte contre ce fléau.
« Le parti FDR soutient avec force la mobilisation de tous les Togolais contre cette nébuleuse qui risque de saper le fondement même de notre Nation », a affirmé mercredi Me Paul Dodji Apévon, président des FDR lors d’une conférence de presse.
Toutefois, ce parti fait remarquer que « le tissu social dans le pays est en lambeaux » et qu’il faudra « engager des actions vigoureuses et courageuses pour le recoudre ». FDR relève qu’il y a eu « des actes de mépris, de violations des libertés, accompagnés par des violences souvent gratuites » qui « ont atteint beaucoup de nos concitoyens dans leur chair et dans leur âme et ont entrainé de profondes frustrations politiques et sociales ».
Dans ces conditions, Me Apevon avance que « la cohésion nationale ne se décrète pas ». « Ce n’est pas une question de slogans. Ce n’est pas non plus par une incantation qu’on la crée », pointe le 1er responsable des FDR qui invite les autorités togolaises à faire preuve d’une forte volonté politique pour promouvoir un réel vivre ensemble.
Les propositions de FDR au gouvernement
Les actions suggérées par la formation politique s’articulent autour de 5 points majeurs.
Tout d’abord, les FDR évoquent la décrispation du climat politique. Accusant le régime de vouloir faire disparaitre toute opposition, cette formation politique fait remarquer que le pouvoir ne cesse de faire usage des menaces et intimidations, les violences physiques et verbales, les arrestations arbitraires suivies de condamnations pour faire taire toute contestation.
« Le parti FDR pense que la première mesure à prendre par le Chef de l’Etat pour la décrispation du climat politique dans notre pays en vue d’un début de cohésion nationale est une loi d’amnistie pour permettre à tous les prisonniers venant des partis politiques, de la société civile et des syndicats de sortir de leur détention et à tous les exilés de rentrer au bercail », a déclaré Paul Dodji Apevon.
Ensuite, le parti FDR soutient qu’une révision profonde du cadre électoral est nécessaire. Pour lui, des élections organisées sur une base non consensuelle aboutissent à des contestations réprimées et suivies des arrestations arbitraires.
« les gouvernants doivent impérativement rétablir l’équité dans l’organisation des élections pour donner une égale chance à tous, équité qui passe nécessairement par la révision profonde du cadre électoral et le renoncement à la fraude, à la tricherie et la manipulation des résultats des votes, sources réelles de frustrations », a affirmé mercredi Me Apevon.
En 3e position, les Forces démocratiques pour la République invite les autorités togolaises au respect des libertés fondamentales. Le parti, qui veut recréer l’espoir, condamne la confiscation des espaces de libertés depuis l’élection présidentielle de 2020. Il ne comprend pas pourquoi le gouvernement a interdit les manifestations depuis plus de deux ans et vienne demander aux formations politiques d’aller sensibiliser leurs militants sur le sujet du terrorisme.
En plus de cela, Me Apevon et les siens notent qu’une véritable lutte contre la pauvreté permettra de renforcer la cohésion nationale nécessaire dans le combat contre le terrorisme. Et pour ce parti, les collectivités territoriales ont une grande mission dans la lutte contre la pauvreté. Mais les FDR notent que la décentralisation telle qu’elle est conduite au Togo est en totale contradiction avec les règles et principes en la matière.
Ainsi, le parti fustige l’institution du District autonome du Grand Lomé (DAGL) qui n’est pas une émanation des populations du Grand Lomé. Il condamne également le refus de respecter les prérogatives des communes et la volonté de soumettre les maires. Toujours sur le sujet de la décentralisation, le parti appelle à donner aux communes les moyens pour leur fonctionnement et l’accomplissement de leurs missions.
Enfin au 5e point, la formation politique de Me Apevon touche la question de la vie chère qui sévit actuellement dans le pays. Elle demande notamment : la suspension provisoire des tarifs de péage ou, à défaut, leur réduction de moitié ; la réduction conséquente de la Taxe sur les véhicules à moteur (TVM) ; le relèvement de la subvention des produits pétroliers, ce qui entraînera la baisse du prix du carburant à la pompe ; la baisse des taxes à l’importation sur les produits de premières nécessités ; le relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG).
Le parti FDR invite également à l’augmentation des salaires des travailleurs de tous les secteurs ; la réduction du train de vie de l’Etat ; la lutte contre la corruption à travers des mesures concrètes.
Dodji Apevon assure que la prise en compte de ces observations et propositions de son parti va récréer entre les acteurs politiques, la société civile, les forces de sécurité et de défense et l’ensemble des populations, un nouveau climat de confiance, seul susceptible de provoquer une vraie réconciliation.