L’ancien Premier ministre tchadien et leader du parti d’opposition Les Transformateurs, Succès Masra, a été placé en détention préventive mercredi à la maison d’arrêt de Klessoum, à N’Djamena. Cette décision fait suite à son audition par le procureur de la République et un juge d’instruction. L’homme politique est poursuivi dans le cadre d’une enquête pour incitation à la haine et complicité d’assassinat.
Succès Masra a été arrêté le 16 mai à son domicile. Son interrogatoire s’est déroulé le 21 mai. Il a débuté à 9 heures du matin dans les locaux de la coordination de la police judiciaire. Selon des sources proches de l’enquête, l’opposant a été interrogé de manière continue par le directeur de l’Institution judiciaire ainsi que par plusieurs enquêteurs spécialisés dans les affaires sensibles.
Les autorités lui reprochent la diffusion sur les réseaux sociaux, en mai 2023, d’un message vocal dans lequel il aurait tenu des propos incitant à la haine intercommunautaire. Le gouvernement soutient que cet audio est susceptible d’avoir encouragé des tensions ayant mené à des violences, notamment le massacre de Mandakao, deux ans plus tard, dans lequel 42 personnes ont perdu la vie.
Position des conseils de Succès Masra
Pour ses avocats, il ne s’agissait en aucun cas d’un appel à la haine, mais plutôt d’un appel à l’autodéfense dans un contexte où plusieurs communautés subissaient déjà des attaques violentes.
Les conseils de Masra insistent également sur le fait que l’audio incriminé a été publié bien avant les événements tragiques de Mandakao, dans un climat de tensions interethniques déjà très marqué.
Le jour de son audition, un important dispositif sécuritaire a été déployé autour du tribunal de N’Djamena, témoignant de la tension entourant cette affaire.
Les avocats de M. Masra ont rappelé qu’il avait bénéficié d’une loi d’amnistie générale suite à l’accord politique de Kinshasa signé en février 2024, visant à apaiser les tensions politiques dans le pays.
Cette détention préventive intervient dans un contexte politique tendu au Tchad, quelques mois après l’élection présidentielle de 2024, dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
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