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Togo : Des mesures contre les ex-militaires déserteurs

Didier ASSOGBA
4 Min Read
Général Dimini Allahare

C’est un fait ! Les Forces armées togolaises (FAT) font face à une recrudescence du nombre de militaires déserteurs, réformés ou destitués. Devant une telle situation, les autorités militaires viennent de lancer une contre-offensive administrative et sécuritaire inédite. La démarche vise à éviter que ces anciens hommes en uniforme, désormais hors du contrôle de la hiérarchie, ne deviennent une menace pour la sécurité nationale.

Le ton est donné par le Chef d’état-major général des FAT, le Général de brigade Dimini Allahare. Dans une note de service datée du 9 mai 2025, il détaille une batterie de mesures destinées à combler les failles dans le dispositif de suivi de ces militaires déserteurs.

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« Étant formés au maniement des armes et ne disposant probablement plus de sources de revenus, ces derniers pourraient constituer un danger pour la sécurité publique », peut-on lire dans la note.

Cartographie des ex-militaires déserteurs à risque

Le chef d’état-major de l’armée togolaise a mandaté la Division des ressources humaines pour centraliser et actualiser l’ensemble des fichiers concernant les personnels militaires radiés des effectifs, pour quelque raison que ce soit. Ces bases de données, appelées à devenir biométriques, seront mises à disposition des principaux services de renseignement — gendarmerie nationale, ANR (Agence nationale de renseignement), DRM (Direction du renseignement militaire) et justice militaire — afin de croiser les informations et anticiper d’éventuels passages à l’acte.

À travers ce système, l’armée togolaise veut s’assurer qu’aucun profil à risque ne tombe dans l’oubli ni ne se fonde dans la population civile sans surveillance. Une manière aussi de prévenir tout engagement de ces anciens militaires dans des réseaux criminels ou terroristes, alors que la sous-région reste marquée par une forte instabilité au Sahel et par la montée du grand banditisme.

Le dispositif repose également sur une implication renforcée des chefs de corps, désormais tenus de tenir à jour les listes des militaires portés disparus ou soupçonnés de désertion. Ces derniers devront aussi collaborer avec les forces de l’ordre dans les recherches et procéder à la constitution de dossiers disciplinaires en cas d’interpellation.

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Par ailleurs, tout militaire exclu devra être strictement tenu à l’écart des installations militaires. Un suivi de ses déplacements et de ses fréquentations sera assuré par les services compétents, avec consigne claire de signaler tout comportement suspect.

Une réponse à la tentation armée ?

En filigrane, cette note de service de l’armée togolaise trahit une crainte de plus en plus exprimée au sein de certains états-majors ouest-africains : celle de voir des ex-militaires désabusés, précarisés et entraînés rejoindre des groupes armés non étatiques.

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La hiérarchie militaire togolaise, qui multiplie les opérations de sécurisation dans le nord du pays, notamment dans la région des Savanes, préfère ainsi prévenir que guérir. Et entend envoyer un message clair à ses troupes : la discipline militaire ne se négocie pas, même après le service actif.

Le Général Allahare appelle par ailleurs à la vigilance collective. Chaque militaire encore en poste est invité à jouer un rôle de veille en signalant tout comportement suspect de la part d’anciens frères d’armes réformés ou destitués. Une stratégie de mobilisation de la base qui s’inscrit dans la logique de sécurisation globale adoptée ces derniers mois par le gouvernement togolais.

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