Pegasus est de nouveau sous les feux de la rampe. Le logiciel israélien d’espionnage mis à nu en août 2020 par le magazine français, Le Monde, fait une nouvelle fois le chou gras des journaux. Dans une enquête publiée dimanche par Forbidden Stories, il est révélé qu’au moins 180 journalistes à travers le monde ont été sélectionnés comme cibles par des clients de la société de cybersurveillance NSO Group. Dans le lot on retrouve des journalistes togolais.
Des journalistes togolais font partie de près de 200 journalistes dans le monde dont les téléphones ont été sélectionnés pour être ciblés par des clients de NSO. C’est ce que révèle le Pegasus Project, une investigation publiée le 18 juillet dernier par un consortium international de plus de 80 journalistes issus de 17 médias et 11 pays différents. L’enquête était coordonnée par Forbidden Stories avec le soutien technique du Security Lab d’Amnesty International.
Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une fuite de plus de 50 000 numéros de téléphones sélectionnés pour être ciblés par des clients de NSO Group. D’après l’analyse de ces données par le consortium, les téléphones d’au moins 180 journalistes ont été ciblés dans 20 pays par au moins 10 clients de NSO.
Ces clients gouvernementaux comprennent aussi bien des régimes autocratiques (Bahreïn, Maroc, Arabie Saoudite) que démocratiques (Inde, Mexique) et couvrent le monde entier – de la Hongrie à l’Azerbaïdjan en Europe, du Togo au Rwanda en Afrique.
Aucun n’a hésité à sélectionner comme cible des journalistes, des défenseurs des droits humains, des opposants politiques, des hommes d’affaires et même des chefs d’État avec cette technologie intrusive.
L’enquête révèle qu’il est impossible, sans analyse de l’appareil, de savoir si un numéro de téléphone qui apparaît dans la liste a été infecté avec succès. Toutefois, le Security Lab d’Amnesty International, en partenariat avec Forbidden Stories, a été en mesure d’analyser les portables de plus d’une dizaine de ces journalistes, confirmant des infections qui ont exploité les failles de sécurité des iPhones, et ce aussi récemment que ce mois-ci.
Pegasus et les journalistes critiques
Pour l’heure, l’enquête n’a pas dévoilé l’identité de tous les journalistes espionnés grâce à Pegasus. Mais elle indique que généralement ceux qui sont ciblés restent des journalistes d’investigation.
De même, le document démontre que les journalistes qui apparaissent dans cette liste ont pour certains reçu des menaces juridiques, d’autres ont été arrêtés ou diffamés.
D’autres encore ont fui leur pays et la persécution dont ils étaient victimes, pour se rendre compte plus tard qu’ils sont toujours sous surveillance.
Dans de rares cas, des journalistes ont été assassinés après avoir été sélectionnés comme cibles.
Les révélations du Pegasus Project montrent bien que cette technologie est devenue un outil clé de l’arsenal des gouvernements répressifs et des services de renseignement à leur service.