Lomé, la capitale togolaise accueille, les 11 et 12 octobre, la 2e édition du Lomé Peace and Security Forum (LPSF), devenu en deux ans un rendez-vous incontournable pour la réflexion stratégique sur la sécurité en Afrique. Les travaux ont été ouverts samedi par le chef du gouvernement togolais, Faure Gnassingbé en présence notamment du président libérien, Joseph Boakai et du président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray.
Placé sous le thème « L’Afrique face aux défis sécuritaires complexes : comment construire et consolider la paix et la stabilité dans un monde en mutation ? », l’événement réunit chefs d’État, ministres, diplomates, universitaires et acteurs de la société civile autour d’une même ambition, celle de redéfinir les fondements d’une sécurité durable et souveraine sur le continent.
Une sécurité africaine « pensée et portée par les Africains »
Dans son discours d’ouverture, le président du Conseil, Faure Gnassingbé, a appelé à refonder la sécurité africaine sur quatre piliers essentiels : l’autonomie, la cohésion locale, la prévention et le financement durable.
« Nous devons être les acteurs principaux de notre propre sécurité. Trop souvent, nos problèmes ont été analysés depuis d’autres capitales. Ce modèle est révolu. L’avenir de la sécurité africaine se jouera ici, sur notre continent », a-t-il martelé.
Le chef de l’Éxécutif togolais a insisté sur la nécessité de construire une paix par la justice sociale et l’inclusion, rappelant que les conflits trouvent souvent leur origine dans les frustrations économiques et politiques. « La sécurité n’est pas qu’une affaire d’armes et de budgets. C’est aussi une affaire d’éducation, de santé, d’emploi et de gouvernance », a-t-il souligné.
Autre axe fort de son intervention porte sur la prévention et l’anticipation. Pour lui, la sécurité doit désormais être collective, coordonnée et prospective, s’appuyant sur des outils de veille, de renseignement partagé et de coopération régionale.
Redéfinir les règles du jeu du financement de la paix
M. Gnassingbé a également plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale, dénonçant un système qui pénalise les pays africains en première ligne face à l’insécurité. « Nous ne pouvons financer notre sécurité qu’en creusant notre dette. Pourtant, investir dans la paix africaine, c’est prévenir des crises dont le coût global serait infiniment plus lourd. », soutient-il
Il a ainsi appelé à reconnaître les dépenses de sécurité et de stabilisation comme des biens publics mondiaux, au même titre que les infrastructures éducatives ou sanitaires.
Cette deuxième édition du Lomé Peace and Security Forum confirme la volonté du Togo de s’imposer comme un acteur pivot des débats sur la gouvernance sécuritaire en Afrique. En réunissant décideurs et experts autour d’une vision partagée, le forum ambitionne de formuler une doctrine africaine de la paix, fondée sur la solidarité, la responsabilité et la souveraineté.
« Lomé doit rester un lieu de clarté, où l’on ose dire que la paix n’est pas un rêve naïf, mais une stratégie exigeante », a conclu Faure Gnassingbé.
Un espace africain d’analyse et d’action
Conçu comme une plateforme de dialogue de haut niveau, Lomé Peace and Security Forum vise à produire des recommandations concrètes et des solutions innovantes face à la montée des menaces sécuritaires en Afrique — du terrorisme à la cybercriminalité, en passant par la désinformation et les effets du changement climatique.
Cinq grands panels rythmeront les deux jours de travaux, avec des thématiques aussi diverses telles que : la stabilisation durable dans la région des Grands Lacs ; l’autonomie stratégique africaine dans un contexte géopolitique en recomposition ; le rôle des jeunes comme acteurs de paix ; les défis et opportunités liés à l’intelligence artificielle ; et enfin, un panel des leaders consacré à la recherche de solutions globales pour une paix et une stabilité durables.
Cette 2e édition de Lomé Peace and Security Forum confirme le positionnement de Lomé comme un centre africain de diplomatie préventive et de concertation stratégique, à l’image de ce que Munich ou Paris représentent pour l’Europe.
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