Alors qu’on clame à l’Alliance nationale pour le Changement (ANC) que la question de Chef de file de l’opposition (CFOP) est le cadet des soucis de Jean-Pierre Fabre, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2015 vient d’annoncer une messe pour, dit-on, confier sa mission de CFOP entre les mains de Dieu. Une messe qui sera suivie d’une tournée nationale pour expliquer que le statut de CFOP servira à réaliser l’alternance. Ce même statut qui contesté au sein de l’opposition. Au-delà, y a-t-il de la rigueur et de la méthode dans la démarche qu’adoptent l’ANC et M. Fabre dans cette affaire ?
L’ANC est toute en joie après l’adoption du décret d’application de la fameuse loi portant statut de l’opposition et de ses dispositions dont celles concernant le statut de Chef de file de l’opposition.
Contrairement aux propos tenus sur les antennes depuis plus d’une semaine par le secrétaire national à la Communication du parti, Eric Dupuy, c’est avec joie que les instances du parti invitent les militants et sympathisants à une messe qui a lieu ce mercredi à Lomé et au cours de laquelle Jean-Pierre Fabre entend confier la mission à lui confiée par la loi entre les mains de Dieu.
Pour plusieurs observateurs de la scène politique togolaise, la rigueur et la lucidité ont quitté les méthodes et les actions des hommes politiques. On dit une chose et on fait exactement le contraire.
Pendant qu’on dit que l’adoption du décret est un non évènement, on se précipite pour organiser une messe pour confier « la mission à Dieu ». Cette démarche rappelle également celle qui suivi l’adoption de la loi en question en juin 2013. En effet, alors qu’on protestait contre la définition donnée par la loi à un opposant, on a commencé à réclamer, aux lendemains des législatives, la prise du décret d’application de la loi, au cours de diverses manifestations publiques pour profiter des avantages.
En même temps que M. Fabre et son parti critiquent la volonté du pouvoir togolais qui par la loi de juin 2013, définit l’opposant comme quelqu’un qui est au gouvernement et qui par de simples déclarations dit qu’il est opposant, ils sont les premiers à commander une messe pour être le Chef de file de l’opposition. Une opposition qui rassemble selon la loi, des partis membres du gouvernement ou non.
De plus, la question reste posée concernant l’opposition dont M. Fabre est ou sera le Chef de file. En effet, il y a quelques jours, le président de l’ANC a estimé qu’il n’entend plus se mettre avec d’autres partis politiques (bien évidemment en dehors du CAP 2015 qui a soutenue sa candidature à l’élection présidentielle de 2015). Est-il seulement le Chef de file de l’opposition constituée par le CAP 2015 (regroupant seulement quatre partis politiques) ou de toute l’opposition dont la majorité des leaders ne lui reconnaissent pas ce statut ?
Le CAR a plusieurs fois demandé la suppression d’un tel statut pour le fait que l’opposition togolaise est plurielle. Le NET de Gerry Taama pense que le statut est scélérat. OBUTS d’Agbéyome Kodjo dénonce l’accaparement du fruit du travail abattu par le CST par Jean-Pierre Fabre et son parti. Même sentiment au niveau de l’ADDI. D’autres formations politiques accusent M. Fabre de ne pas être rassembleur.
C’est dans ce contexte que l’ANC annonce une tournée nationale pour expliquer aux populations ce que son président entend faire avec le statut de CFOP. Déjà il le dit à qui veut l’entendre, qu’il veut s’en servir pour réaliser l’alternance en 2020.
Le leader de l’ANC arrivera-t-il à se transcender et savoir faire tortue et aigle pour assumer la difficile mission qu’il endosse en tant que Chef de file de l’opposition ? L’avenir nous renseignera.