Au détour d’un déplacement qu’ils ont effectué mardi dernier au Burkina-Faso, le ministre togolais de la fonction publique, Gilbert Bawara et son collègue de la sécurité, Yark Damehame ont rencontré la presse burkinabè. Les débats ont porté sur la crise politique que traverse le Togo. Les deux ministres ont préalablement été reçus par le ministre burkinabè des Affaires étrangères burkinabè, Alpha Barry et le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
Quant aux relations de coopération entre le Togo et le Burkina, Gilbert Bawara a assuré qu’elles sont bonnes et vont au-delà des intérêts personnels.
« Les relations entre nos Etats vont au-delà des intérêts personnels. D’ailleurs Faure considère le président Roch comme son aîné », poursuit-il.
Devant la presse burkinabè, le ministre Gilbert Bawara a signifié d’entrée que, contrairement à ce qui se passe sur les réseaux sociaux, le Togo n’est pas un pays liberticide.
« Ceux qui sont à l’extérieur ont le sentiment qu’il n’y a pas de liberté de manifestation au Togo ou que les manifestations et les marches sont réprimées dans le sang. Cela a été rapporté un peu partout dans le monde et nous voulons rappeler qu’après l’élection présidentielle de 2010, tous les samedis il y avait des marches. Tipki Atchadam lui-même a organisé plusieurs marches en 2017 avant le 19 août sans qu’il y ait des incidents, des dérapages, des violences ou des destructions », indique Gilbert Bawara qui accuse l’opposition d’avoir manifesté sa volonté d’agression, d’attaque contre les forces de sécurité.
De plus, le ministre précise que des armes ont été arrachées des mains de certains militaires qui gardaient des banques, tabassés jusqu’au sang sans réagir car ce comportement pouvait avoir des risques de carnage.
Dans ses interventions, le ministre togolais de la fonction publique a souligné que le Togo a adopté une réglementation conciliante sur les manifestations publiques contrairement à ce que « beaucoup de dirigeants à l’étranger pensent ».
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Au Togo, a-t-il dit, on peut manifester tous les jours de la semaine de 6h à 22h. La condition est d’informer l’autorité qui peut avoir des recommandations.
« L’autorité peut dire d’éviter tel itinéraire qui peut contenir une place commerciale et cela n’a rien à avoir avec la politique, c’est le bon sens. Il ne faut pas empêcher nos concitoyens qui vendent, qui vivent de leur commerce d’exercer leurs activités, c’est notre rôle», a argumenté le ministre.
M. Bawara a, à l’occasion, déploré des bavures policières qui ne sont pas une exclusivité togolaise. Pour donc éviter les morts et les blessés, le ministre estime que chacun doit œuvrer à ce qu’il y ait davantage de retenue.
… La minorité politique a décidé que ce qu’elle veut, c’est ça qui doit passer
Revenant sur le fond de la crise, le ministre togolais de la Fonction publique accuse l’opposition de vouloir imposer au pouvoir ce qu’elle a décidé.
« Ce qui se passe en ce moment au Togo, c’est que la minorité politique a décidé que ce qu’elle veut, c’est ça qui doit passer. Nous aurions aimé qu’un consensus puisse être dégagé pour faire les réformes à l’Assemblée nationale mais à partir du moment où l’opposition a retiré ses propositions et à quitter l’hémicycle, c’est une volonté de prise en otage du processus démocratique », a-t-il lancé.
Le ministre est clair : le gouvernement a montré sa volonté d’engager les réformes politiques et n’entend pas reculer devant la rue qui est « différente du peuple ».
«Nous irons jusqu’au bout en organisant le référendum à une date qui sera fixée prochainement », ajoute-t-il affirmant par la suite que l’opposition n’a pas le monopole de la rue.
Autre précision du ministre Bawara, le gouvernement ne fera pas marche arrière sur la question des réformes pour ajouter au texte adopté par les 2/3 des députés la mention « en aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats ».
« Même si cette disposition existait, une loi qui est adoptée aujourd’hui, à moins qu’elle-même consacre la rétroactivité, s’applique à partir du moment où elle entre en vigueur », dit-il.
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En clair, après la limitation du mandat présidentiel, Faure Gnassingbé aura la possibilité de briguer deux autres mandats à la tête du Togo, s’il le souhaite lui-même ou si son parti le désigne candidat.
… l’exemple burkinabè a induit les gens en erreur
Répondant aux journalistes sur la question de la « dynastie » Gnassingbé, Gilbert Bawara déclare que Faure Gnassingbé ne doit pas être jugé sur sa filiation.
« Personne n’a demandé à naître dans une localité, de tel père ou de telle mère. Dans aucune démocratie, la filiation ne peut être un élément déterminant. Jugeons Faure par rapport à ses actions. Et si les gens pensent que sa descendance fait de l’effet chez les Togolais, on ira aux élections et on verra. Si certains estiment qu’ils sont populaires, cela doit se traduire dans les urnes.», lance M. Bawara.
Quant à un scénario à la burkinabè où Blaise Compaoré a été chassé par la rue, Gilbert Bawara avance que le gouvernement agit avec beaucoup de responsabilité et que personne n’a intérêt à ce que tout bascule.
« Nous restons ouverts et nous ferons tout pour que le bon sens prévale. Et le bon sens suppose des compromis. Hors de ce sentier, pas de salut», a-t-il déclaré.
Pour finir, M. Bawara a estimé que « l’exemple burkinabè a induit les gens en erreur». Pour lui, chaque pays à ses réalités et que l’armée togolaise est républicaine et loyale.