L’arrestation de Aamron, artiste engagé et critique du pouvoir togolais, n’est pas du goût de l’opposition togolaise. Après la DMP, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a dénoncé un « kidnapping ignoble » alors que le front « Touche Pas A Ma Constitution » pointe une « dérive autoritaire ». Tout comme les défenseurs des droits de l’homme, ces entités exigent la libération de l’artiste.
L’opposition togolaise n’est pas restée indifférente à l’arrestation de Aamron, de son vrai nom Narcisse Essowoè Tchala. Dans la nuit du lundi 26 mai 2025, un important contingent de forces de sécurité a procédé à l’interpellation du chanteur à son domicile de Lomé, après 21 heures, en dehors du cadre légal.
Choc après l’arrestation de Aamron
Selon ses proches, il s’agit d’un véritable kidnapping d’État, motivé par les prises de position critiques de l’artiste sur les réseaux sociaux contre le régime de Faure Gnassingbé et le passage contesté à la Cinquième République, adopté sans référendum. Depuis, Aamron est maintenu en détention sans mandat judiciaire ni information sur son lieu de détention.
Pour le Front « Touche pas à ma Constitution », cette interpellation est une dérive autoritaire de plus dans un pays où les arrestations de citoyens pour leurs opinions politiques semblent se multiplier. Dans une déclaration, le collectif a exigé la libération immédiate et sans condition d’Aamron, mais aussi de Jean-Paul Oumolou, Affectio et de tous les prisonniers politiques.
Le Front dénonce une atteinte grave à la liberté d’expression, garantie par l’article 25 de la Constitution togolaise et l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, soulignant que le Togo viole une fois encore ses engagements internationaux en matière de droits humains.
L’ANC en première ligne
La formation d’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), a également réagi. Dans un communiqué au ton ferme signé par Me Isabelle Ameganvi, la vice-présidente, le parti parle d’un « kidnapping ignoble », dénonçant la « gouvernance calamiteuse » du pouvoir en place et le musellement systématique des voix dissidentes.
L’ANC rappelle le cas similaire du jeune activiste Affectio, toujours détenu, et exige la libération de tous les prisonniers politiques. Elle met en garde le pouvoir contre la multiplication de ces actes répressifs qui risquent, selon elle, de provoquer une explosion sociale aux conséquences imprévisibles.
Face à la dégradation du climat politique et social, la Conférence des Évêques du Togo (CET) est sortie de son habituelle réserve. Dans un message publié le 26 mai, elle alerte sur les risques de « déflagration imprévisible » si les autorités continuent à étouffer la liberté d’expression.
« Les peurs et les frustrations tues se muent en actes désespérés », ont prévenu les prélats, dans une mise en garde solennelle.
Ce soutien ecclésiastique, inhabituel par sa clarté, donne du poids aux revendications de l’opposition et confère à la situation une nouvelle dimension, morale et politique.
Une pression qui monte
La vague d’indignation ne cesse de grossir. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #FreeAamron et #TouchePasÀMaConstitution sont devenus viraux, des vidéos de soutien se multiplient et plusieurs organisations internationales commencent à s’intéresser au dossier.
Pour l’ANC, comme pour le Front « Touche pas à ma Constitution », cette arrestation marque une ligne rouge. Ils appellent le peuple togolais à sortir de sa léthargie, et à résister pacifiquement mais fermement aux dérives dictatoriales du pouvoir de Lomé.
« Un peuple qui par pusillanimité refuse de se libérer demeurera le pantin de dirigeants sans foi ni loi », a martelé Me Ameganvi, dénonçant une tentative du régime de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam, en instaurant un climat de peur et de terreur.
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