À Dakar, le président Bassirou Diomaye Faye a officiellement donné le 28 mai le coup d’envoi du Dialogue national sur le système politique Il s’agit d’un rendez-vous stratégique pour redessiner les contours institutionnels du Sénégal. Jusqu’au 4 juin, les acteurs politiques, syndicaux, religieux et de la société civile sont appelés à plancher sur dix axes de réforme qui pourraient profondément remodeler la démocratie sénégalaise.
Dans une atmosphère solennelle, le Dr Cheikh Guèye, désigné facilitateur général du dialogue, a ouvert les travaux en saluant la diversité des participants, venus de tous horizons.
« Ce dialogue national est un moment de refondation », a-t-il lancé, insistant sur la nécessité d’une « participation sincère, transparente et collective ». L’ancien chercheur du Wathi et figure respectée des cercles intellectuels a aussi remercié le président Faye pour sa « confiance », tout en soulignant le caractère historique de cette concertation.
Un dialogue national, signe d’une volonté d’ouverture
C’est la première grande initiative politique du président Diomaye Faye depuis son investiture. Issu des rangs de l’opposition radicale aux côtés d’Ousmane Sonko, le nouveau chef de l’État entend incarner la rupture, en misant sur le dialogue pour bâtir un nouveau contrat démocratique. L’objectif affiché est de tourner la page des confrontations stériles et instaurer une gouvernance apaisée, inclusive et équitable.
L’opposition républicaine a répondu présente. Finaliste de la présidentielle de mars 2024, Amadou Bâ, leader du mouvement Nouvelle Responsabilité, a salué une « initiative à magnifier », tout en soulignant les défis du moment.
« Le climat reste tendu, avec des restrictions de liberté et des arrestations. Cela ne doit pas être éludé », a-t-il prévenu, appelant à un pacte de pacification politique, à des réformes électorales ambitieuses et à une attention particulière portée à la dette publique et au chômage des jeunes.
Côté majorité sortante, Aminata Mbengue Ndiaye, secrétaire générale du Parti socialiste, a rappelé que le Sénégal a toujours su, dans les moments critiques, recourir au dialogue. « Nous avons en mémoire le Code électoral consensuel de 1992, une référence dans l’histoire démocratique du pays », a-t-elle souligné, promettant un engagement actif de son parti dans la recherche d’un compromis constructif.
Dix axes pour transformer le système politique
Les discussions, organisées autour d’ateliers thématiques, porteront sur dix priorités retenues par la présidence. Il s’agit de la modernisation du système électoral ; la définition du statut de l’opposition et de son chef ; l’inscription automatique sur les listes électorales ; la révision du mécanisme de parrainage ; le rôle des autorités électorales et des médias ; la place de la justice dans les processus électoraux ; la rationalisation du calendrier républicain ; l’encadrement du nombre de partis politiques ; le financement public des partis ; et la Révision globale du Code électoral
Ces thématiques traduisent une volonté claire de revisiter les fondamentaux du jeu politique, dans un pays où l’inflation partisane, les soupçons de manipulation électorale et les tensions postélectorales ont entamé la confiance des citoyens envers les institutions.
En convoquant ce dialogue structurant, Bassirou Diomaye Faye joue une carte politique essentielle : renforcer sa légitimité, asseoir sa méthode de gouvernance et donner corps à la promesse de rupture.
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