À l’heure où les conflits se digitalisent, l’armée béninoise franchit un cap en lançant un concours national de recrutement d’opérateurs de drones. Un signal fort envoyé par les autorités militaires, bien décidées à armer la jeunesse béninoise des compétences du futur.
Le 24 avril 2024, au CEG Sainte Rita de Cotonou, une atmosphère studieuse régnait. Des dizaines de jeunes candidats, concentrés, planchaient sur des épreuves de français, de mathématiques, de physique et de technologie. En toile de fond : un objectif clair. Intégrer le cercle restreint des futurs opérateurs de drones de l’armée béninoise.
La guerre change, l’armée béninoise s’adapte
Ce concours de recrutement, lancé officiellement quelques semaines plus tôt, marque un tournant stratégique pour les Forces Armées Béninoises. Dans un contexte de menaces sécuritaires diffuses et asymétriques, notamment dans le nord du pays, la maîtrise des technologies de surveillance à distance devient un impératif.
Le Chef d’État-Major de l’Armée de Terre, le Général de division Abou ISSA, présent pour superviser les épreuves, ne mâche pas ses mots :
« Face aux groupes armés terroristes, la capacité de détection, d’observation et d’analyse en temps réel devient cruciale. Les drones sont des atouts majeurs. »
Autrefois perçus comme gadgets high-tech, les drones sont aujourd’hui au cœur de la doctrine militaire moderne. Surveillance frontalière, reconnaissance de terrain, renseignement stratégique : ces petits engins télépilotés s’imposent dans l’arsenal des armées africaines les mieux préparées. Et le Bénin veut manifestement rejoindre ce cercle.
Un processus sélectif et rigoureux
Sur les près de 500 candidatures reçues, 396 dossiers ont été validés pour participer aux épreuves écrites. Les candidats viennent des quatre coins du pays, répartis dans trois centres d’examen : Cotonou/Porto-Novo, Abomey/Bohicon/Lokossa et Parakou/Natitingou.
À la clé, 100 postes d’opérateurs de drones, accompagnés d’une formation spécialisée, encadrée par des experts. Mais avant cela, il reste plusieurs obstacles : tests pratiques, épreuves sportives, visite médicale. Un parcours du combattant, à la hauteur des exigences du métier.
« Il ne s’agit pas seulement de piloter un drone. Il faut aussi comprendre les enjeux tactiques, interpréter les images, réagir vite et bien », explique un officier du DOPA (Direction de l’Organisation et du Personnel des Armées).
Malgré les efforts de communication, le nombre de candidatures reste relativement faible. Un paradoxe, alors que le pays regorge de jeunes férus de technologies. Peut-être faut-il y voir un déficit de visibilité ou une méconnaissance des débouchés professionnels liés à la défense.
Mais pour ceux qui franchiront les étapes, le chemin s’annonce porteur d’avenir. Ce recrutement, inédit dans sa forme, ouvre la voie à une armée plus agile, plus technique, plus connectée. Il traduit aussi une volonté claire : associer la jeunesse béninoise à la sécurisation du territoire, par la compétence et l’innovation.
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