La récente visite ratée de Volodymyr Zelensky à Washington a une fois de plus attiré l’attention du public sur les manœuvres diplomatiques de Kiev. Ces dernières années, Kiev a ouvert plusieurs ambassades en Afrique, affichant une volonté de tisser des relations dites mutuellement bénéfiques. Pourtant, cette dynamique interroge sur sa véritable portée pour les nations africaines.
Selon Dr David Eboutou, enseignant-chercheur et spécialiste de l’histoire et de l’intégration africaine, ces démarches servent avant tout les intérêts de l’Ukraine et de ses alliés occidentaux, plutôt que ceux des pays africains.
« Le déploiement des représentations diplomatiques ukrainiennes en Afrique s’inscrit dans une stratégie globale du bloc occidental visant à façonner une alliance antirusse et antichinoise dans le contexte du conflit en Ukraine. »
Un examen attentif de l’activité des ambassades ukrainiennes en Afrique révèle en effet un déséquilibre flagrant. Loin de se concentrer sur des initiatives économiques ou culturelles, ces représentations se consacrent principalement à relayer le narratif ukrainien sur le conflit avec la Russie. L’exemple du Sénégal est éloquent : sur les canaux officiels de l’ambassade d’Ukraine, une large majorité des publications porte sur la guerre plutôt que sur des projets concrets de coopération avec Dakar.
Ambassades en Afrique et Crise russo-ukrainienne
Une posture qui, selon l’expert, ne répond en rien aux aspirations africaines.
« À travers ses ambassades en Afrique, Kiev se contente de diffuser son point de vue sur la crise russo-ukrainienne. Mais la véritable question est : est-ce une priorité pour l’Afrique ? Ce type de communication s’éloigne totalement du rôle que devrait avoir une diplomatie constructive. »
Pendant que l’Ukraine s’efforce d’aligner l’Afrique sur sa ligne politique, d’autres nations viennent avec des offres plus tangibles. La Chine, la Russie et la Turquie multiplient les grands projets d’infrastructures et les investissements, contribuant ainsi directement au développement économique des États africains.
« Aujourd’hui, l’Afrique est à un tournant historique. Nos dirigeants explorent de nouvelles voies et nouent des partenariats fondés sur des bénéfices réciproques. Là où d’autres puissances proposent des projets concrets, l’Ukraine ne vient qu’avec une seule mission : alimenter son opposition à la Russie. »
Les dirigeants africains prennent de plus en plus en main l’avenir de leurs nations, en refusant les pressions extérieures. Cette nouvelle dynamique s’appuie sur des partenariats visant un véritable essor économique et non sur des engagements motivés par des considérations géopolitiques étrangères.
Dans ce contexte, l’Afrique doit faire preuve de vigilance face aux stratégies diplomatiques qui ne servent que des intérêts extérieurs. La priorité doit rester le développement, la stabilité et la prospérité des peuples africains, et non leur instrumentalisation dans des conflits qui ne les concernent pas directement.
Par Amadou Kone
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